THE WHO: Est ce fini ?

Mainte fois émise avec plus ou moins de crédibilité, l’hypothèse semble pour la première fois prendre réellement forme si l’on en croit les toutes récentes déclarations de Roger Daltrey auprès du site du New Musical Express, le concert du 1^er octobre prochain de The Who à Buenos Aires  risque d’être l’ultime que donnera la formation Britannique après une carrière longue de plus de 50 années et riches en rebondissements et surtout en triomphes.

Il y a deux manières d’interpréter cette annonce. La première consiste à prendre cette décision avec tristesse. Il est en effet difficile de se dire que nous ne reverrons plus sur scène une formation qui a bercé notre enfance, qui nous a accompagné dans tous nos sentiments d’adolescent, qui nous a fait rêver avec ses shows époustouflants ou tout pouvait arriver et dont les concerts des seventies ont été de formidables promoteurs pour la réputation de notre musique. Il faut dire qu’à l’époque le quatuor était à son sommet. Roger Daltrey, avec sa veste à franges, jonglait de manière incroyable avec son micro, Pete Townshend sautait aux quatre coins de la scène avec sa guitare. Et puis, il y avait les deux qui nous ont quitté bien trop tôt. John Entwistle immobile et impassible pendant les deux heures de show qui rendait mystérieuse et envoutante sa guitare basse et bien sûr Keith Moon, un des plus grands batteurs de l’histoire du rock, extraordinaire et imprévisible showman pour qui les spectateurs avaient un regard de Chimène. Oui, en nous repenchant sur cette époque, l’annonce de cet éventuel arrêt va indiscutablement nous faire beaucoup de peine et nous dire que décidemment il est impossible de combattre le temps.

Mais il existe une deuxième manière d’analyser celui-ci  sur laquelle il convient de se pencher. Si nous voulons être objectifs, il faut bien admettre que l’évolution du groupe n’avait pas été dans le bon sens et que depuis la disparition de Keith Moon et John Entwistle, celui-ci n’était plus tout à fait le même. Jamais leurs remplaçants n’ont été à la hauteur de la tâche qui leur a été confié. Pino Palladino est un honnête bassiste sans plus, quand à Zak Starkey (fils de Ringo Starr), s’il joue un peu mieux que son père (ce n’est pas difficile, me direz- vous), son drumming, d’une lourdeur insupportable, dénature totalement les morceaux originaux. Par respect pour les guitaristes, je passerai sous silence les prestations du frère de Pete, Simon dont on se demande s’il est présent sur la scène tant sa guitare est transparente. Rajoutez- y les défaillances vocales régulières de Roger Daltrey comme lors du concert parisien de 2015 au Zénith ou il avait chanté faux toute la soirée et aussi un manque de respect total envers leur public avec ces annulations de dernière minute pour participer à des festivals très lucratifs, vous constaterez donc avec moi que le groupe avait perdu beaucoup de son aura et de son crédit auprès de ses fans. Seul Pete Townshend, irréprochable et toujours aussi spectaculaire sur scène échappe à toute remarque musicale.

Chacun analysera donc cette éventuelle décision avec son propre ressenti. Personnellement, je préfère de loin rester sur l’impression de deux fabuleux concerts de 1974 à Toulouse et de 1976 à San Francisco ou le quatuor initial avait fait exploser la salle avec des shows qui restent encore intacts dans ma mémoire plus de quarante années après.

                                                                                                                                              Frédéric.