"Altamont 69 La fin d'un rêve": l'enfer comme si vous y étiez !
C’est un document exceptionnel que Joel Selvin, journaliste au « San Francisco Chronicle » nous offre avec son ouvrage intitulé « Altamont 69, les Rolling Stones, les Hells Angels et la fin d’un rêve » dont les passionnantes 300 pages dégagent une telle force qu’il vous sera difficile d’interrompre votre lecture pour d’autres tâches plus matérielles, dès que vous aurez ouvert le livre. Celui-ci a surtout les mérites de vous dévoiler les coulisses d’un concert jusque là uniquement connues par l’intermédiaire du film « Gimme Shelter » qui après la lecture de cet ouvrage vous paraitra bien insipide, non pas que les images ne dégagent pas de force, mais surtout pour la raison qu’il offre une vision terriblement incomplète d’un événement qui a bouleversé à tout jamais le paysage du rock.
C’est donc à partir d’un véritable travail de fourmi que Joel Selvin nous présente les coulisses de ce qui s’est réellement passé, au cours de cette sinistre journée du 6 décembre 1969, en analysant, non seulement les responsabilités de chacun, quitte à écorner quelques mythes, mais aussi comment ce drame était finalement et malheureusement inévitable tant l’organisation avait été défaillante depuis l’élaboration et l’annonce de ce projet jusqu’à sa réalisation. L’auteur sait dépasser le cliché tant répandu du pitoyable et scandaleux rôle tenu ce jour là par des Hells Angels ivres de bière et de violence pour s’attaquer sans ménagement aux principaux responsables qu’étaient le Grateful Dead qui poussa les Stones à engager les Hells Angels tout en essayant de minimiser au maximum son implication au vu de la tournure dramatique des événements, mais surtout le rôle, que l’on pourrait presque qualifier de machiavélique de Mick Jagger, qui vexé du succès de Woodstock auquel son groupe n’avait pas participé, rêvait d’une revanche sur ce rock Américain dont il mésestimait la force.
Car, outre les nombreuses anecdotes sur les coulisses de cette dramatique journée (passage à tabac de Marty Balin de l’Airplane par les Hells Angels, mauvaise qualité de la drogue présente aux quatre coins du festival), Joel Selvin nous explique parfaitement la différence philosophique et culturelle entre les icones de l’Angleterre de l’époque et l’ensemble des formations de la bay area telles que l’Airplane, le Dead, Quicksilver Messenger Service.
« Altamont 69, les Rolling Stones, les Hells Angels et la fin d’un rêve » est un livre qui vous captivera de la première à la dernière ligne. Il est le parfait descriptif d’une époque marquée par la fin de certaines utopies et le début du règne de l’argent roi dans notre passion.
Frédéric.