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BALLAD into BLUES, ROCK, JAZZ and COUNTRY
1 octobre 2018

Bill Graham: une vie rock n 'roll !

Consacrer un article sur un blog dédié au rock à une personne non musicienne, mais qui a tant fait pour le développement de cette musique apparaît à mes yeux comme une évidence. Le recul aidant, son travail et ses actions prennent une dimension largement sous- estimée lorsqu’il était encore de ce monde. Vous l’aurez compris, au travers de ces propos, je souhaite rendre hommage au plus grand producteur et organisateur de concerts que le rock n’ait jamais connu : Bill Graham. Personnage adulé par les uns et détesté pour sa réussite et son sens aigue des affaires par un petit nombre, il a permis à notre musique de rentrer dans une dimension planétaire et a autant contribué à la reconnaissance du rock par le grand public et les médias que des groupes comme les Rolling Stones, The Who et bien d’autres …

Sa vie est à l’image du personnage, à savoir incroyable et digne d’un véritable roman. Il est même étonnant qu’elle n’ait jamais fait l’objet d’un film tellement les soixante années qu’il a vécu sont remplies d’émotions et de rebondissements incroyables. De parents juifs émigrés de Russie, Bill Graham est né à Berlin en janvier 1931. Deux ans plus tard, arrivait au pouvoir, en Allemagne, un certain Adolf Hitler. Je vous laisse imaginer les angoisses et les peurs traversées par sa famille au cours de cette période. Au point que sa mère décida de le placer dans un orphelinat qui l’envoya lui et sa sœur en France juste avant que n’éclate la deuxième guerre mondiale. Après la défaite Française en 1940, et un long périple, il réussit à être envoyé avec d’autres orphelins, par miracle, aux Etats Unis ou il est adopté par une famille New Yorkaise. Malheureusement sa sœur ne survécut pas au voyage. Ses premiers pas sur le sol américain furent difficiles, car son accent allemand ne lui facilitait pas son intégration. Son obstination et son caractère de battant, qui ne le quitteront d’ailleurs jamais par la suite, l’incitèrent à prendre des cours d’anglais afin d’éviter le plus rapidement possible les signes d’intimidation et de harcèlement dont il faisait l’objet. Après des études de commerce, il est appelé sous les drapeaux en 1951 et participe à la guerre de Corée puis, à son retour, travaille comme serveur et maitre d’hôtel dans plusieurs clubs ou il découvre les talents de l’époque comme Cab Calloway et éprouve une première attirance pour la musique et tout ce qui gravite autour.

 C’est au tout début des années soixante, qu’il entreprend d’émigrer à San Francisco. Après avoir continué, à son arrivée, à enchainer les petits boulots, il se prend de passion pour une troupe de théâtre Le « San Francisco mime troupe » dont il mène la destinée en devenant leur directeur. Mais c’est à l’approche du summer of love de 1967, que la carrière professionnelle de Bill Graham allait prendre une autre tournure. A cette époque, la cité Californienne bouillonnait de partout.  Au coin de chaque rue, les groupes se formaient et se déformaient à une vitesse incroyable. Tout le monde jouait avec tout le monde, dans un désordre total, mais un son musical et un état d’esprit étaient en train de naitre. C’est toute l’intelligence de Bill Graham d’avoir su pressentir la force du phénomène et d’avoir réussi à en faire sortir le meilleur. Tout a commencé avec un concert de Jefferson Airplane, s’est poursuivi avec le Grateful Dead, Tower of Power, Moby Grape et tous ces groupes que vous connaissez par cœur. Mais l’action de Bill Graham ne s’est pas arrêtée aux formations de San Francisco, car son incroyable passé lui a apporté un immense esprit d’ouverture sur les musiques du monde. C’est ainsi que dans toutes les salles qu’il dirigera comme les Fillmore West and East, ainsi qu’au Winterland se succéderont tout ce que la scène musicale de l’époque a produit de mieux. 

Bill Graham a su parfaitement canaliser l’incroyable richesse musicale de la fin des années 60 et du début des seventies. Il a apporté aux groupes discipline, rigueur et organisation. En bref, tous ces petits détails qui les amèneront à nous produire une multitude de chefs d’œuvre musicaux. Dès la création de ce blog, je vous ai conté en détail les deux journées intitulées « Days on the Green » avec le Grateful Dead et The Who lors des concerts des 9 et 10 octobre 1976 auxquels j’ai pu assister. Travaillant dans un magasin de disques à Bordeaux et de ce fait fréquentant le milieu des organisateurs Français de concerts, je me dois de souligner à quel point j’avais été impressionné par la différence dans l’approche professionnelle de l’organisation. Le moindre détail était important pour Bill Graham, que ce soit pour le spectateur ou pour le groupe qui jouait, rien n’était laissé au hasard. J’ai encore en mémoire la veille de ces deux concerts, les interviews, dans la presse locale de la baie de San Francisco, où il nous conseillait sur le transport pour se rendre au Coliseum d’Oakland, sur l’heure d’arrivée, sur les moyens de se nourrir sur place et insistait sur la ponctualité des groupes qui se devaient de respecter le public.

 La vie de cet homme exceptionnel ne pouvait se terminer normalement. Son décès, le 25 octobre 1991, survenu dans un tragique accident d’hélicoptère bouleversa le monde du rock et la population de la baie de San Francisco. Dix jours après sa mort, 500 000 personnes se réunissaient au Golden Gate Park, en compagnie de Crosby Stills Nash and Young, de Joan Baez, du Grateful Dead et de Carlos Santana entre autres pour célébrer sa mémoire. Tous ces groupes, qui nous font tant rêver, doivent beaucoup de leurs succès à Bill Graham qui a su leur apporter un cadre de travail qui leur a procuré confiance et sérénité.

Pour conclure cet article, je ne saurai que vous conseiller la lecture de l’ouvrage « Bill Graham une vie rock n’roll » avec la préface de Pete Townshend. Non seulement, la vie exceptionnelle de cet homme est racontée dans les moindres détails, mais, en plus, il est à peu près évident que les anecdotes croustillantes et savoureuses sur les groupes de l’époque vont vous faire saliver. Votre regard sur certains sera peut-être différent à la lecture de divers faits (Led Zeppelin).

Un livre exceptionnel pour un homme d’exception !

                                                                                              Frédéric.

Bill Graham

 

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Commentaires
V
Effectivement, c’est un superbe livre biographique que j’ai découvert il y a 2 ans environ. Pour lequel une fois hameçonné, on ne décroche plus jusqu’au point final !<br /> <br /> <br /> <br /> Reconnaissant à cet éditeur « Le Mot et le Reste » qui nous fournit dans le registre musical (mais pas uniquement) de belles découvertes. <br /> <br /> <br /> <br /> * "Wild Tales" de Graham Nash<br /> <br /> * La très intéressante autobiographie de Bill Bruford<br /> <br /> * Les chroniques de Rock’n’Folk avec Philippe Paringaux (It’s Only Rock’n’Roll) et Paul Alessandrini (Fun House).<br /> <br /> <br /> <br /> * "En studio avec les Beatles" de Geoff Emerick, qui nous fait vivre de l’intérieur les enregistrements et les relations du quatuor en tant qu’ingénieur du son de "Revolver" jusqu’à la fin.<br /> <br /> * Bel ouvrage que "Covers" d’Emmanuel Chirache sur les reprises de morceaux.<br /> <br /> <br /> <br /> * La ballade exotique avec "Laurel Canyon" d’Arnaud Devillard.<br /> <br /> * Les rock’n’roll "STP" (chronique de la tournée US-72) et "Exile on Main Street" de Robert Greenfield.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais aussi et surtout place à deux spécialistes dans des registres divers :<br /> <br /> • Aymeric Leroy <br /> <br /> * L’école de Canterbury (anthologie très fournie)<br /> <br /> * Pink Floyd (panorama court, mais tellement précis et essentiel du parcours du groupe)<br /> <br /> * King Crimson<br /> <br /> * Rock Progressif<br /> <br /> <br /> <br /> • Steven Jézo-Vannier<br /> <br /> * California Dreamin’ (dictionnaire de A à Z de l’époque West Coast 64-72)<br /> <br /> * Contre-cultures (à travers les âges)<br /> <br /> * Presse parallèle (rétrospective de le presse de contre-culture dans la France des années 70)<br /> <br /> * San Francisco (l’utopie libertaire des sixties)<br /> <br /> * Respect (étude sur les femmes dans le rock)<br /> <br /> * et sur les groupes (Doors, CCR, Grateful Dead, Byrds)<br /> <br /> <br /> <br /> Bien sûr, j’aurais pu en citer d’autres qui m’ont moins marqués ou que je n’ai pas encore lus ! <br /> <br /> <br /> <br /> A noter la sortie prochaine (le 18 octobre) de 2 ouvrages sur Janis Joplin (de Jeanne-Martine Vacher) et Pink Floyd (d’Alexandre Higounet). <br /> <br /> Affaire à suivre !<br /> <br /> <br /> <br /> Vincent
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