Walter Trout: S'il n'en reste qu'un, ce sera lui !

15 janvier 2019

Et si nous tenions l’album de l’année 2019, tout au moins dans la catégorie blues, dès le vendredi 25 janvier ? Ce qui ne constitue, au moment ou sont écrites ces lignes, qu’une simple hypothèse pourrait fort bien devenir réalité, tant les deux extraits disponibles et mis en ligne sur ce blog du nouvel album de Walter Trout intitulé » Survivor blues » sont enthousiasmants et procure l’irrésistible envie de découvrir l’intégralité du contenu proposé par ce surprenant musicien de 67 ans, à la carrière totalement atypique. Longtemps considéré, comme un honnête guitariste, mais plutôt à cataloguer dans la catégorie des seconds couteaux au style un peu poussif, celui qui fut membre de Canned Heat et des Bluesbreakers se bonifia, comme un bon cru de Bordeaux, avec les années et vit son nom gravir les marches du Panthéon du blues, à l’occasion de son exceptionnel album « We’re all in this together » (abondamment traité ici même), sorti en 2016, ou il était accompagné pour chaque morceau par des musiciens différents et qui connut un réel succès auprès des amateurs du genre.

Aujourd’hui, Walter Trout est certainement un des tous derniers guitaristes à pouvoir et surtout à vouloir porter le message de cette musique à laquelle, je pense, l’immense majorité des lecteurs de ce blog est particulièrement attachée. L’ancien membre des Bluesbreakers qu’il est, contrairement à un autre ex de la même formation en 1966, certes incontestablement et considérablement plus doué, mais possédant un état d’esprit déplorable (et encore ce terme est bien trop gentil), n’a jamais abandonné le blues et surtout revendiqué haut et fort la fin de ses obligations envers cette musique en demandant, avec un mépris sidérant, que l’on cesse de l’importuner avec cette remarque. La spontanéité et la sincérité, dont le natif d’Ocean City fait preuve au travers d’un jeu de guitare flamboyant, vont directement droit au cœur de tous les aficionados de ce style musical. Avec le Walter Trout de ces dernières années, nous tenons enfin le brillant et enthousiasmant guitariste capable de symboliser le blues. Il serait donc vraiment dommage de s’en priver.

C’est pourquoi, il est totalement incompréhensible que pas un seul organisateur de spectacles en France ne lui ait proposé de monter une tournée digne ce nom dans notre pays. Comment expliquer, pour ne citer que cet exemple, alors que Walter Trout est pour le moment disponible à ses dates, que le festival blues de Cognac en Charente, de juillet prochain, préfère mettre à l’affiche Toto, Bernard Lavilliers et Véronique Sanson (oui vous avez bien lu) qu’un authentique guitariste de blues, qui aurait eu toute sa place dans ce genre de manifestation ou sa fougue aurait mis le feu ? Et ce n’est certainement pas, le concert du 26 mai prochain ou il partagera la scène de La Cigale, en compagnie de Johnny Lang et de Kris Barras, camionneur tatoué, au style racoleur et vulgaire, qui compensera ce qui constitue une véritable injustice. Walter Trout mérite largement de se trouver seul en haut de l’affiche, compte tenu de toute son implication pour promouvoir le blues. Souhaitons que les ventes de son futur album fassent enfin prendre conscience aux organisateurs Français de la terrible et bien triste erreur qu’ils commettent.

Frédéric.

Walter Trout - Me, My Guitar And The Blues (Survivor Blues) 2019