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BALLAD into BLUES, ROCK, JAZZ and COUNTRY
18 février 2019

Ces albums oubliés: 3) Le blues vu par Claude (1ère partie)!

Avant de fonctionner de manière un peu plus allégée pendant une dizaine de jours, à l’occasion de la période des vacances d’hiver, nous allons vivre, pendant 48 heures, un superbe voyage au pays du blues, dans le cadre de la chronique récemment ouverte « Ces albums oubliés » et bien sûr personne n’était mieux placé que notre ami Claude, grand et incontestable spécialiste de cette musique, pour nous proposer une sélection d’albums peu connus du grand public et qui, j’en suis certain, saura vous séduire.

Un grand merci à Claude pour son implication et aussi un immense bravo pour son talent d’écrivain (à quand la rédaction d’un livre nous contant tes connaissances et ton incroyable vécu, mon cher Claude ?).

                                                                                                                                  Frédéric.

A spoonful of true blues

 

 

Les prouesses, le talent de Freddie, Albert, BB, Muddy ou du phénomène Buddy, tout le monde les connaît. Inutile donc d’en rajouter. Place à ceux restés trop souvent dans l’ombre avant une juste reconnaissance, mais qui n’en demeurent pas moins des piliers du blues. Ils ont contribué à leur manière à façonner la longue histoire de ce genre musical né dans le sud des Etats-Unis au XIXème siècle.

Eux aussi ont marqué les esprits avec leur instrument de prédilection. Guitaristes, pianistes, chanteurs d’exception, ils sont dignes de l’admiration des puristes et du respect qu’ils suscitent et méritent amplement.

 

Exercice délicat que de choisir quelques pépites parmi une bonne cinquantaine d’albums originaux de country blues et de city blues à ma disposition. Ceux qui suivent constituent, de mon point de vue, des incontournables, des moments-clés de l’œuvre de ces musiciens de génie trop peu souvent considérés comme tels.

 

 

1- Robert Johnson / King Of The Delta Blues Singer (CBS Archive Series, parution en 1961, réédité par la suite chez Columbia).

Enregistré par Don Law (ami de l’artiste) en 1936 à San Antonio en studio improvisé dans une chambre du Gunter Hotel et en 1937 à Dallas dans les dépendances d’un immeuble de bureaux.

Peut être le meilleur disque de country blues jamais enregistré. Toute une génération de guitaristes de talent s’en inspira, dont un certain Clapton.

Johnson, natif du Mississipi, avait entre 25 et 26 ans à l’époque et faisait preuve d’une incroyable virtuosité lui donnant la faculté de jouer la rythmique sur les cordes graves de sa guitare tout en exécutant des solos (d’où la question que posa un jour Keith Richards : “quel est l’autre guitariste avec lui ? ”).

Le maestro de la “musique du diable” c’est lui. Et pour cause… La légende affirme, en effet qu’assez peu doué durant son adolescence, il aurait rencontré le diable à un croisement de routes (crossroads), lequel lui aurait transmis, après avoir accordé correctement sa guitare, les rudiments de sa musique. Et Robert de devenir un virtuose au grand étonnement de Son House, son guide spirituel.

S’il n’a pas inventé le blues (Son House ou Charley Patton popularisèrent le genre avant lui), il l’a pour le moins adapté à son style et structuré et ceci grâce à une technique hors du commun.

Musicien itinérant, errant de juke joints (bistrots) en coins de rue, bel homme de taille moyenne, svelte avec des doigts longs et fins, amateur de vin et friand de filles faciles, il finira sa vie à 27 ans, empoisonné par un mari jaloux.

“Crossroads Blues”, “Terraplane Blues”, “Walking Blues”, “Rambling On My Mind”, “Hellhound On My Trail” sont quelques-unes de ses compositions les plus célèbres.

Vous les découvrirez parmi seize titres, brutes de décoffrage, sur cet album accessible sur le web en réédition.

2Otis Spann / The Biggest Thing Since Colossus… (Blue Horizon, parution en 1969, produit par Mike Vernon).

Enregistré en janvier 1969 à Chicago aux Chess Ter-Mar Studios dans la foulée de l’album “Blues Jam at Chess” - produit également par le génial Mike Vernon - jam session entre Otis Spann, Willie Dixon, S.P. Leary et Shakey Horton accompagnés par… les Fleetwood Mac en tournée américaine à l’époque.

Un disque choisi ici pour son originalité et son excellent niveau. Et le “colosse” n’est sûrement pas le scarabée au centre de l’aplat rouge de la couverture mais bel et bien ce pianiste-chanteur natif du Mississipi, installé à Chicago depuis 1946, talentueux comme jamais.

Nombreux en effet sont ceux qui considèrent qu’Otis Spann n’a jamais aussi bien joué que lors de cet enregistrement, entouré de Peter Green, égal à lui-même, Danny Kirwan et John McVie. Notons au passage qu’il préféra conserver durant les sessions son ami et batteur habituel, S.P. Leary, à la place de Mick Fleetwood.

Il fut engagé comme pianiste par Muddy Waters en 1952 (il le suivra jusqu’en 1960) et poursuivra une carrière solo lui donnant la réputation d’être l’un des meilleurs pianistes de blues d’après-guerre. Spann semble ici galvanisé par le talent et la prestation des musiciens qui l’entourent. Un disque indispensable.

 

3 – Champion Jack Dupree / When You Feel The Feeling You Was Feeling (Blue Horizon, parution en 1969).

Enregistré aux CBS Studios à Londres le 22 avril 1968.

Seul un type du calibre de Mike Vernon, producteur et fondateur du label Blue Horizon, indissociable du British Blues Boom, pouvait avoir une telle idée et la mener à bien : réunir en 68 (avant l’apogée du british blues) dans un studio londonien un vieux briscard du blues, trois membres du jeune groupe de blues-rock Black Cat Bones (Paul Kossoff, Simon Kirke et Stuart Brooks), Stan Webb le guitariste de Chicken Shack et l’inénarrable homme-orchestre Galois (ici à l’harmonica), Duster Bennett. Ceci pour l’enregistrement de cinq titres de ce disque qui en comporte dix. Les cinq autres sont interprétés par “Champion” (vocal, piano évidemment, et drums !) accompagné de Christopher Turner à l’harmonica.

Pourquoi “Champion” me direz-vous ? Parce que, dès 1935 (sous l’influence Joe Louis) il décide de devenir boxeur. Après 107 combats et des Golden Gloves, d’où son sobriquet, il jette l’éponge en 1940 et retourne jouer son boogie-woogie blues dans des barrelhouses de Chicago jusqu’en 1959 où il rencontre Tampa Red et Big Bill Bronzy. Il part pour l’Europe en 60 (Suisse, Danemark, Suède) pour des questions raciales, s’établit en Angleterre puis à Zurich (où il épouse une jeune anglaise). Bien lui en a pris !...

Quant à Kossoff et Kirke, on assiste ici à une belle leçon d’humilité de leur part, avant d’aller, un peu plus tard, s’éclater au sein du groupe Free.

Un album original d’une rare qualité, l’aboutissement d’une rencontre inopinée et pourtant réussie entre deux générations, aussi talentueuses l’une que l’autre. A son écoute, on comprend mieux pourquoi Dupree était l’un des pianistes de blues préféré de ray Charles…

(La suite demain).

It Was A Big Thing

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  • Coups de coeur et actualité des légendes du rock et de leurs influences. Ancien disquaire professionnel et spécialiste musical des années 70, ma passion pour le rock ne m'a jamais quitté.
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