Les versions "expanded": Rèelle plus-value musicale ou arnaque ?
Gregg Allman - Melissa (Live At The Capitol Theatre, 1974 / Audio)
Le phénomène a débuté depuis un peu plus de cinq années et ne cesse de se développer à une vitesse ahurissante puisque, il ne se passe guère plus d’une semaine, sans que soit annoncé de nouvelles sorties. Vous l’avez certainement constaté, si vous suivez l’actualité musicale de nos rockeurs préférés, pratiquement de manière hebdomadaire, les maisons de disques nous annoncent, à grand renfort de publicité, une sortie en version « expanded » d’albums ayant rencontré un fort succès à l’occasion de leur sortie initiale et commercialisée à un prix le plus souvent exorbitant.
En dresser l’interminable liste ici-même serait long et fastidieux pour tous, alors, essayons plutôt à travers de deux exemples bien précis, de comprendre le phénomène et surtout, si possible, d’étudier leur intérêt. Pour illustrer au mieux les propos qui vont suivre, il m’a semblé intéressant d’analyser deux albums qui, je pense pouvoir affirmer sans risque d’erreur, font l’unanimité parmi tous les lecteurs de ce blog.
Commençons par l’album le plus connu du grand public « Abbey Road » des Beatles. Que nous annonce-t-on de nouveau ? En premier, un remixage intégral réalisé par le fils de George Martin, qui s’était déjà essayé avec succès à ceux de « Sgt Pepper » et du « White album ». Après tout, pourquoi pas, mais une fois cette « nouvelle » version écoutée, tout le reste du contenu de ce coffret, vendu 85€ semble bien fade. Quel est la valeur musicale ajoutée de ces bouts de répétition que l’on nous propose, si ce n’est le plaisir d’entendre nos Fab Four plaisanter entre eux et effectuer quelques notes de musique. A moins d’être un pur inconditionnel et collectionneur de tout ce qui touche aux Beatles, l’auditeur lambda y trouvera difficilement son compte. D’ailleurs, permettez- moi de poser d’interroger tous ceux d’entre vous qui ont acheté les coffrets « Sgt Pepper » et « White album » (c’est mon cas) : Avez-vous posé sur vos platines plusieurs fois ces cd que je qualifierai de remplissage ? Personnellement, ces coffrets trônent sur mes étagères et mis à part, l’album original, il m’est difficile d’affirmer que les autres cd vont s’user. Reste, et ceci est incontestable, un magnifique packaging contenant un superbe livre. Mais vous avouerez, comme moi que cela est bien maigre, compte tenu du tarif de vente particulièrement élevé.
Autre exemple de réédition sur un disque dont la qualité est évidente pour tout amateur de bonne musique et que nombre d’entre nous possèdent, il s’agit du LP de Greg Allman » Laidback ». De 8 morceaux dans sa version d’origine, voici qu’il passe d’un coup de baguette magique à 34 morceaux dans sa nouvelle version appelée « De Luxe » dont 26 morceaux alliant un mélange de remixage, de répétitions et d’inédits, sans que soit précisé où se situe le curseur entre les deux. Là encore, mis à part les inconditionnels (tout à fait respectables, précisons- le pour éviter tout quiproquo), qui est réellement intéressé par la « reherseal » de « Midnight Rider »? Personnellement, possédant l’album original depuis sa sortie, je ne vois guère la raison d’investir une somme conséquente pour un enregistrement d’une répétition. Alors bien sûr, pour mieux vendre le produit, la maison de disques a rajouté deux extraits de concerts inédits, comme cette version de "Melissa", mais tout de même, et ceci n’engage que votre serviteur, l’intérêt de cette parution me semble extrêmement limité.
Bien évidemment, comme tout avis, celui émis dans cet éditorial est discutable. Vos opinions seront les bienvenues dans la rubrique commentaires.
Frédéric.