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BALLAD into BLUES, ROCK, JAZZ and COUNTRY
7 avril 2020

3 jours à San Francisco avec le Grateful Dead et The Who: Partie 1 !

Comme si le coronavirus ne suffisait pas à nos malheurs, voici que depuis hier, il est impossible de mettre en ligne la moindre vidéo sur le réseau canalblog. Un message d’erreur s’affiche en permanence. Vous voilà donc privés, momentanément j’espère, de Elmore James et de Delaney and Bonnie and friends à Copenhague, qui étaient au programme de ces deux prochains jours. L’actualité étant toujours en sommeil profond, je vous propose donc quelques rediffusions d’articles, comme ce fabuleux voyage à San Francisco réalisé par votre serviteur en octobre 1976.

Avec toutes mes excuses.

                                                                                                                              Frédéric.

Octobre 1976 :

New Orleans:  the Super Dome.  Je viens d’assister au concert de The Eagles dans cette superbe salle ouverte au public depuis tout juste un an. J’étais loin de m’imaginer que ce splendide ouvrage servirait quelques années plus tard à accueillir les sinistrés de l’ouragan Katarina. Les deux heures que dura le show furent un moment inoubliable. Le groupe venait de sortir son album culte « Hotel California », qui n’est pas cependant mon préféré, mais dont les chansons mirent en état de transe les 30 000 personnes présentes et Joe Walsh souleva littéralement l’assistance avec un « Rocky mountain way » de derrière les fagots. Cependant, il me tardait de quitter la ville.  Etait-ce dû à l’impression de malaise qui m’habitait depuis mon arrivée dans cette ville splendide, mais au climat très insécuritaire et qui me poussait à partir ? Peut-être, mais pas seulement. Et puis, un immense événement musical se préparait à San Francisco en ce début octobre et j’avais le pressentiment que j’allais vivre un moment qui marque votre vie à tout jamais.

8 octobre 1976 : l’avion qui m’emmène vers le soleil californien est à moitié vide, je m’endors très rapidement pour évacuer la fatigue d’une courte nuit quand l’hôtesse de l’air, à qui j’avais décliné ma nationalité au moment du décollage, me réveille et me conseille de regarder au travers du hublot. Nous survolons une des sept merveilles du monde : le grand canyon du Colorado. Je suis littéralement subjugué par la beauté du paysage et le reflet du soleil sur les parois de cet endroit qui m’a tellement fasciné dès mon enfance.  Difficile de se rendormir après un tel moment et puis l’avion entame sa descente sur la ville qui  est le berceau du summer of love et de groupes dont la simple évocation du nom suffit à vous faire rêver : Grateful Dead, Jefferson Airplane, Moby Grape, It’s a beautiful day, Malo, New riders of the purple sage, Quicksilver Messenger Service et un nommé George Frayne, alias Commander Cody and his lost planet airmen dont j’étais loin d’imaginer que, grâce à lui,  la suite de cette aventure me permettrait de vivre une expérience unique.

Pour ceux qui connaissent San Francisco, le Bart est un moyen rapide, confortable et économique de se déplacer à travers la baie, pour un budget des plus modestes.  Je descends donc à la station proche de Union square où se trouvait l’hôtel que j’avais réservé depuis New Orleans.  Le soleil illumine ces premières journées automnales et l’absence de brouillard me permet d’apprécier comme il se doit le majestueux Golden Gate, La ville est recouverte d’affiches des « days on the green 8 and 9 » que propose Bill Graham.  Revenons un moment, sur le parcours de ce personnage totalement atypique et à qui le monde du rock rendra un bouleversant hommage lors de son décès, dans un tragique accident d’hélicoptère en 1991.  Né en 1931, de nationalité allemande et de religion juive, il a, par miracle, échappé aux horreurs du nazisme en arrivant à New York en 1941 après un bref transit par la France.  Par la suite, il est devenu un acteur majeur du summer of love en contribuant à l’éclosion et au succès des groupes cités plus haut en tant que promoteur de concerts dans ces salles mythiques que sont le Fillmore et le Winterland. 

Je ne saurai que trop vous conseiller la lecture de l’ouvrage qui lui est consacré et qui s’intitule : « une vie rock’n’roll ».

dead 1

Je passe cette journée en pèlerinage dans le quartier du Haight Ashbury avec un arrêt obligatoire devant le numéro 710 où se trouve la maison qui a abrité pendant si longtemps le groupe le plus célèbre de la ville, le Grateful Dead. En contemplant l’architecture baroque de cette maison, je ne peux qu’imaginer tous les moments délirants qui s’y sont passés. Imaginez, que lors de la descente de police, fin 1967, celle-ci a trouvé plus de 200kgs de marijuana et 500 pilules de LSD. Est-ce cette pensée ou le simple hasard, j’étais loin de m’imaginer que ce qui allait suivre me ferait vivre des moments qui, 42 ans après, sont toujours intacts dans ma mémoire et que je souhaite vous faire partager.

La fatigue de la journée commence à se faire sentir. Je me dépêche d’aller prendre mon billet pour les « days on the green » des 9 et 10 octobre. Tower Records, situé sur Colombus avenue, et hélas aujourd’hui victime d’internet, était un magasin de référence, connu dans le monde entier. J’en parle d’autant plus facilement puisque à cette époque, je travaillais dans un magasin de disques Bordelais. Là, nous étions dans une dimension à l’américaine avec de véritables collectors proposés à des prix défiants toute concurrence.  Après avoir effectué quelques achats, je prends possession du précieux sésame. 12 $ par jour pour assister à un concert du Grateful Dead et des Who, c’est cadeau. Même s’il faut ramener le prix au niveau de vie de l’époque. Avant de quitter le magasin, mon regard s’arrête sur un journal local d’information de spectacles dont j’ai malheureusement oublié le nom et mes yeux se pose sur un petit encart : Tonight at « Shaddy Groove » Billy C Farlow and friends. Et c’est à partir de cet instant que ce séjour va basculer dans l’irréel pour le gamin de 20 ans que j’étais.

Billy C Farlow était le principal guitariste d’un groupe qui s’appelait Commander Cody and the lost planet airmen.  Il venait de sortir un album live, considéré, à juste titre, comme une merveille du country rock intitulé « Live from deep in the heart of Texas ». Dans notre magasin Bordelais, les autres vendeurs et moi-même avions tout de suite eu un coup de cœur pour cette production endiablée qui mettait littéralement le feu et que nous avions beaucoup de plaisir à proposer à notre clientèle. Je ne sais pas pourquoi, mais connaissant aux Etats Unis, la signification du terme « and friends », je me suis dit qu’avec un peu de chance, je ne pourrai qu’être agréablement surpris par l’identité des » friends » présents ce soir-là.

Me voici donc en début de soirée en train de prendre le bus sur Market street en direction du quartier du Lower Haight ou se trouvait le « Shaddy groove » (je me suis toujours demandé si ce nom avait été choisi pour rendre hommage à ce groupe Quicksilver Messenger Service ou évoluait le regretté John Cipolina, sans jamais avoir eu la réponse).   Ma principale angoisse était de savoir si j’allais pouvoir pénétrer dans ce lieu, car à l’époque la majorité en Californie était fixée à 21 ans et il me manquait 6 mois pour l’atteindre. L’entrée était gratuite et par chance, on ne m’a demandé aucun justificatif d’identité à l’entrée. Je me dirige vers le bar, commande une bière et attends que Billy C Farlow et ses « friends » se produisent.

Commander cody 1

Soudain les lumières s’éteignent et là, ce fut le choc, les « friends » étaient le Commander Cody en personne et tout son groupe des « lost planet airmen » avec entre autres Bill Kirchen et Andy Stein qui étaient venus répéter le nouvel album de la formation avant de l’enregistrer.  Un concert du Commander à San Francisco, devant à peine 50 personnes, imaginez un instant, ce que le gamin de 20 ans que j’étais et qui vendait les disques de ce groupe à 8000 kms de là, a pu ressentir devant ce spectacle.

George Frayne, alias Commander Cody, est, comme son alter ego texan Kinky Friedman, un personnage truculent. Chanteur, artiste peintre, cinéaste, et de plus doté d’une très forte personnalité qui le rend très charismatique.

Il est arrivé avec Billy C Farlow à San Francisco au tout début des années 70 et s’est très vite fait remarquer en participant avec brio au 1er album d’un groupe devenu célèbre « The New riders of the purple sage ». Les albums des débuts du groupe se sont très bien vendus et le style country rock californien de la formation avec ce petit grain de folie comptent de nombreux fidèles sur la baie.

Au bout d’une heure de show, le Commander annonce une pose de 15 minutes et passe à un mètre de moi en direction du bar. C’est le moment que je choisis pour l’accoster et me présenter : « Bonjour, je me prénomme Frédéric, je travaille dans un magasin de disques à Bordeaux en France et vends très régulièrement vos disques » Je n’oublierai jamais le regard que le Commander a posé sur moi. Il me prend littéralement dans ses bras, appelle Billy C Farlow et lui dit : » Billy, c’est incroyable, nous avons ici quelqu’un qui vend nos disques en France », puis se retourne vers moi, m’offre une bière et me dis »ne pars pas après le concert, nous avons une petite fête de prévue sur une péniche à Sausalito, tu es notre invité ». 

Vers 1h du matin, me voici donc à l’arrière d’une grosse voiture américaine en train de franchir le Golden Gate, en direction de Sausalito avec Commander Cody. La suite de cette soirée fût une succession de délires et de pur bonheur. Nous nous sommes retrouvés sur un bateau à l’état douteux, mais qui flottait sans problème, bien que craquelant de partout, à environ 30 personnes en comptant le groupe au grand complet. Les premiers pétards commençaient à s’allumer, il y avait des filles toutes plus belles les unes que les autres. Je commençais à discuter musique avec Billy C et Andy Stein et je pense qu’ils ont été très surpris qu’un petit Français de 20 ans soit aussi à l’aise pour parler musique. A un moment de la soirée, nous avons tous formé un cercle en se tenant par la main et chanté « Will the circle be unbroken », qu’interprétaient les pionniers quand ils traversaient la vallée de la mort lors la conquête de l’ouest.

Vers 6h du matin, épuisé et après avoir longuement salué le Commander et tous les musiciens, je profitais d’une voiture qui remontait sur San Francisco pour regagner mon hôtel, les yeux encore éblouis par ce que ce que je venais de vivre. Il me fallait être en forme car dès le lendemain 11h, je devais être à l’Oakland Coliseum pour le concert du Grateful Dead et des Who.

 Mais ceci est une autre histoire dont vous aurez la suite demain.

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Commentaires
C
Génial, on s'y croirait !<br /> <br /> <br /> <br /> En espérant tout de même qu'on ne soit pas privés trop longtemps des vocalises de cher Elmore !
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