Miles Davis "Bitches Brew": Et tout devint différent !
Rarement un album n’aura porté une empreinte aussi forte et aussi dévastatrice sur son style musical. Avec le recul, nous ne pouvons que nous dire qu’il y a eu un avant et un après. Car « Bitches Brew » de Miles Davis, sorti en 1970, a, de manière incontestable, révolutionné le jazz et constitue une œuvre majeure que chacun se doit d’avoir écouté dans son intégralité, les quatre faces à la suite, ne serait -ce qu’une seule fois dans sa vie, même s’il est peut paraître un peu difficile d’accès au premier abord pour le néophyte de la musique d’un des plus grands trompettistes de tous les temps, si ce n’est même le plus grand. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard, si tous les musiciens ayant participé à l’élaboration de ce chef d’œuvre connurent et connaissent encore pour certains d’entre eux une carrière prestigieuse.
Restons sérieux et surtout modeste, définir et présenter « Bitches Brew » est quasiment impossible et en tout cas, je ne m’y risquerai certainement pas, pour la simple et bonne raison que chacun voyagera à sa manière au milieu de la magie des sons. Tout ici n’est que pureté, que ce soit la trompette du maître Miles, ou bien le saxophone de Wayne Shorter ou encore le diabolique piano de Chick Corea ou la guitare ensorcelante de John Mc Laughlin au sommet de son art. Là où nous pouvions nous attendre à un assemblage d’instruments manipulés par de prestigieux musiciens, nous avons droit à un album dont la cohésion est la principale caractéristique qui explore à sa manière chaque son à la limite de ses possibilités et qui vous entraine dans un étourdissant labyrinthe à la seule condition de rester concentré pendant toute son écoute.
« Bitches Brew » a jeté les bases du jazz/fusion et son influence se retrouve au travers de beaucoup d’œuvres qui sortiront les années suivantes tels les premiers albums de Weather Report. Nous n’osons imaginer quel plaisir aurait pris Jimi Hendrix, en contacts avancés avec Miles Davis à cette époque, à participer à un tel monument, s’il en avait eu la possibilité, tellement sa créativité, ajoutée à la dextérité d’un John Mc Laughlin, aurait mis le feu à une scène jazz qui ne demandait qu’à s’enflammer.
Si la version d’origine en vinyle reste à un prix élevé, il est désormais possible de se procurer pour la somme de 25€, ce petit chef d’œuvre en vinyle 180 grammes avec, certes le son du cd, mais qui reste très fidèle à celui de l’original. A ce prix- là, autant ne pas s’en priver.
Frédéric.
Miles Davis trumpet
Wayne Shorter soprano saxophone
Bennie Maupin bass clarinet
Joe Zawinul electric piano ' Left
Chick Corea electric piano ' Right
John McLaughlin electric guitar
Dave Holland bass
Harvey Brooks electric bass
Lenny White drum set ' Left
Jack DeJohnette drum set ' Right
Don Alias congas
Juma Santos shaker, congas