La voix rocailleuse du bayou: LUCINDA WILLIAMS

Il y a des disques qui vous interpellent immédiatement que ce soit par la magie d’un riff de guitare ou par une voix qui vous transperce et qui vous bouleverse. Lucinda Williams appartient à cette dernière catégorie tant sa voix rocailleuse vous transporte dans l’univers magique de l’Amérique profonde. Immense star aux Etats Unis, elle est malheureusement moins connue en Europe et en particulier en France que ces consœurs Emmylou Harris et Linda Ronstadt, dont pourtant elle n’a rien à envier sur le plan du talent. S’il en fallait une preuve, sa tournée hivernale passe dans quasiment la totalité des pays européens excepté la France. Ce qui, soit dit en passant,  commence vraiment à devenir une fâcheuse habitude après l’absence d’Eagles pour leur European tour 2014.

Née en Louisiane à Lake Charles (qui lui fournira le titre d’une de ses plus belles chansons) en 1953 et fille d’une mère concertiste et pianiste et d’un père poète, Lucinda Williams découvrit le charme de la guitare vers douze ans influencée par la musique de Robert Johnson, Neil Young, Peter Paul and Mary et surtout Bob Dylan au travers de son album «  Highway 61 revisited » S’engageant dans les mouvements anti militaristes de la fin des années 60, elle ne nous livra son premier album que tardivement en 1979 ou elle rend hommage à ses principaux inspirateurs de musique blues. L’album, bien que, manquant de personnalité et un peu fade, laisse entrevoir des possibilités vocales intéressantes qui ne tarderont pas à se concrétiser au cours des multiples concerts qu’elle donnera au début des années 80 dans les clubs de Los Angeles ou elle s’est établit. Paradoxalement et malgré une notoriété grandissante, ses enregistrements se faisaient relativement rares et il fallut attendre 1992 pour que son talent soit enfin reconnu avec le superbe album « Sweet old lord » qui outre la chanson du même nom contient le bouleversant »Something about what happens when we talk ». Mais c’est en 1998, avec la sortie de l’album « Car wheels on a gravel road » que sa carrière va prendre une dimension planétaire. Salué par la critique du monde entier, ce disque est certainement un des plus beaux albums d’Americana music qui n’ait jamais été produit. La voix rocailleuse de Lucinda Williams est littéralement bouleversante et vous saisit dès la première note pour ne plus vous lâcher. Ecoutez « Lake Charles » et laissez vous transporter par cette voix si originale qui sait si bien transmettre cette émotion tant nécessaire à ce qu’une chanson devienne éternelle. Cette voix si particulière et si « roots » va dévorer l’Amérique et enfin recevoir la place qu’elle mérite « Car wheels on a gravel road » va en, effet,  rafler quasiment tous les prix. Le magazine Rolling Stone lui attribuera même le 336éme rang des meilleurs albums de tous les temps et son interprète recevoir tous les Grammy Award.

Il est souvent difficile de rebondir après avoir créé un chef d’œuvre et beaucoup se sont ramassés, y compris les plus grands, Ce n’est pas le cas de Lucinda Williams qui continuera à nous enchanter avec de rares mais convaincantes réalisations, hélas trop espacées (seulement 12 albums à ce jour).  Son mari et manager Tom Overby m’a annoncé, lors d’échange de courriels,  une tournée européenne plus étoffée pour l’été 2016, avec cette fois ci, au moins une date en France.  Souhaitons que cet engagement soit tenu. Si  tel est le cas, espérons que le public sera au rendez vous afin de récompenser cette immense artiste de l’ensemble de son œuvre.

                                                                                                                                                Frédéric.