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BALLAD into BLUES, ROCK, JAZZ and COUNTRY
20 février 2018

Octobre 1976: 3 jours à San Francisco avec The Grateful Dead and The Who !

Octobre 1976 :

New Orleans:  the Super Dome.  Je viens d’assister au concert de The Eagles dans cette superbe salle ouverte au public depuis tout juste un an. J’étais loin de m’imaginer que ce splendide ouvrage servirait quelques années plus tard à accueillir les sinistrés de l’ouragan Katarina. Les deux heures que dura le show furent un moment inoubliable. Le groupe venait de sortir son album culte « Hotel California », qui n’est pas cependant mon préféré, mais dont les chansons mirent en état de transe les 30 000 personnes présentes et Joe Walsh souleva littéralement l’assistance avec un « Rocky mountain way » de derrière les fagots. Cependant, il me tardait de quitter la ville.  Etait-ce dû à l’impression de malaise qui m’habitait depuis mon arrivée dans cette ville splendide, mais au climat très insécuritaire et qui me poussait à partir ? Peut-être, mais pas seulement. Et puis, un immense événement musical se préparait à San Francisco en ce début octobre et j’avais le pressentiment que j’allais vivre un moment qui marque votre vie à tout jamais.

8 octobre 1976 : l’avion qui m’emmène vers le soleil californien est à moitié vide, je m’endors très rapidement pour évacuer la fatigue d’une courte nuit quand l’hôtesse de l’air, à qui j’avais décliné ma nationalité au moment du décollage, me réveille et me conseille de regarder au travers du hublot. Nous survolons une des sept merveilles du monde : le grand canyon du Colorado. Je suis littéralement subjugué par la beauté du paysage et le reflet du soleil sur les parois de cet endroit qui m’a tellement fasciné dès mon enfance.  Difficile de se rendormir après un tel moment et puis l’avion entame sa descente sur la ville qui  est le berceau du summer of love et de groupes dont la simple évocation du nom suffit à vous faire rêver : Grateful Dead, Jefferson Airplane, Moby Grape, It’s a beautiful day, Malo, New riders of the purple sage, Quicksilver Messenger Service et un nommé George Frayne, alias Commander Cody and his lost planet airmen dont j’étais loin d’imaginer que, grâce à lui,  la suite de cette aventure me permettrait de vivre une expérience unique.

Pour ceux qui connaissent San Francisco, le Bart est un moyen rapide, confortable et économique de se déplacer à travers la baie, pour un budget des plus modestes.  Je descends donc à la station proche de Union square où se trouvait l’hôtel que j’avais réservé depuis New Orleans.  Le soleil illumine ces premières journées automnales et l’absence de brouillard me permet d’apprécier comme il se doit le majestueux Golden Gate, La ville est recouverte d’affiches des « days on the green 8 and 9 » que propose Bill Graham.  Revenons un moment, sur le parcours de ce personnage totalement atypique et à qui le monde du rock rendra un bouleversant hommage lors de son décès, dans un tragique accident d’hélicoptère en 1991.  Né en 1931, de nationalité allemande et de religion juive, il a, par miracle, échappé aux horreurs du nazisme en arrivant à New York en 1941 après un bref transit par la France.  Par la suite, il est devenu un acteur majeur du summer of love en contribuant à l’éclosion et au succès des groupes cités plus haut en tant que promoteur de concerts dans ces salles mythiques que sont le Fillmore et le Winterland. 

Je ne saurai que trop vous conseiller la lecture de l’ouvrage qui lui est consacré et qui s’intitule : « une vie rock’n’roll ».

Je passe cette journée en pèlerinage dans le quartier du Haight Ashbury avec un arrêt obligatoire devant le numéro 710 où se trouve la maison qui a abrité pendant si longtemps le groupe le plus célèbre de la ville, le Grateful Dead. En contemplant l’architecture baroque de cette maison, je ne peux qu’imaginer tous les moments délirants qui s’y sont passés. Imaginez, que lors de la descente de police, fin 1967, celle-ci a trouvé plus de 200kgs de marijuana et 500 pilules de LSD. Est-ce cette pensée ou le simple hasard, j’étais loin de m’imaginer que ce qui allait suivre me ferait vivre des moments qui, 42 ans après, sont toujours intacts dans ma mémoire et que je souhaite vous faire partager.

La fatigue de la journée commence à se faire sentir. Je me dépêche d’aller prendre mon billet pour les « days on the green » des 9 et 10 octobre. Tower Records, situé sur Colombus avenue, et hélas aujourd’hui victime d’internet, était un magasin de référence, connu dans le monde entier. J’en parle d’autant plus facilement puisque à cette époque, je travaillais dans un magasin de disques Bordelais. Là, nous étions dans une dimension à l’américaine avec de véritables collectors proposés à des prix défiants toute concurrence.  Après avoir effectué quelques achats, je prends possession du précieux sésame. 12 $ par jour pour assister à un concert du Grateful Dead et des Who, c’est cadeau. Même s’il faut ramener le prix au niveau de vie de l’époque. Avant de quitter le magasin, mon regard s’arrête sur un journal local d’information de spectacles dont j’ai malheureusement oublié le nom et mes yeux se pose sur un petit encart : Tonight at « Shaddy Groove » Billy C Farlow and friends. Et c’est à partir de cet instant que ce séjour va basculer dans l’irréel pour le gamin de 20 ans que j’étais.

Billy C Farlow était le principal guitariste d’un groupe qui s’appelait Commander Cody and the lost planet airmen.  Il venait de sortir un album live, considéré, à juste titre, comme une merveille du country rock intitulé « Live from deep in the heart of Texas ». Dans notre magasin Bordelais, les autres vendeurs et moi-même avions tout de suite eu un coup de cœur pour cette production endiablée qui mettait littéralement le feu et que nous avions beaucoup de plaisir à proposer à notre clientèle. Je ne sais pas pourquoi, mais connaissant aux Etats Unis, la signification du terme « and friends », je me suis dit qu’avec un peu de chance, je ne pourrai qu’être agréablement surpris par l’identité des » friends » présents ce soir-là.

Me voici donc en début de soirée en train de prendre le bus sur Market street en direction du quartier du Lower Haight ou se trouvait le « Shaddy groove » (je me suis toujours demandé si ce nom avait été choisi pour rendre hommage à ce groupe Quicksilver Messenger Service ou évoluait le regretté John Cipolina, sans jamais avoir eu la réponse).   Ma principale angoisse était de savoir si j’allais pouvoir pénétrer dans ce lieu, car à l’époque la majorité en Californie était fixée à 21 ans et il me manquait 6 mois pour l’atteindre. L’entrée était gratuite et par chance, on ne m’a demandé aucun justificatif d’identité à l’entrée. Je me dirige vers le bar, commande une bière et attends que Billy C Farlow et ses « friends » se produisent.

 

Soudain les lumières s’éteignent et là, ce fut le choc, les « friends » étaient le Commander Cody en personne et tout son groupe des « lost planet airmen » avec entre autres Bill Kirchen et Andy Stein qui étaient venus répéter le nouvel album de la formation avant de l’enregistrer.  Un concert du Commander à San Francisco, devant à peine 50 personnes, imaginez un instant, ce que le gamin de 20 ans que j’étais et qui vendait les disques de ce groupe à 8000 kms de là, a pu ressentir devant ce spectacle.

George Frayne, alias Commander Cody, est, comme son alter ego texan Kinky Friedman, un personnage truculent. Chanteur, artiste peintre, cinéaste, et de plus doté d’une très forte personnalité qui le rend très charismatique.

Il est arrivé avec Billy C Farlow à San Francisco au tout début des années 70 et s’est très vite fait remarquer en participant avec brio au 1er album d’un groupe devenu célèbre « The New riders of the purple sage ». Les albums des débuts du groupe se sont très bien vendus et le style country rock californien de la formation avec ce petit grain de folie comptent de nombreux fidèles sur la baie.

Au bout d’une heure de show, le Commander annonce une pose de 15 minutes et passe à un mètre de moi en direction du bar. C’est le moment que je choisis pour l’accoster et me présenter : « Bonjour, je me prénomme Frédéric, je travaille dans un magasin de disques à Bordeaux en France et vends très régulièrement vos disques » Je n’oublierai jamais le regard que le Commander a posé sur moi. Il me prend littéralement dans ses bras, appelle Billy C Farlow et lui dit : » Billy, c’est incroyable, nous avons ici quelqu’un qui vend nos disques en France », puis se retourne vers moi, m’offre une bière et me dis »ne pars pas après le concert, nous avons une petite fête de prévue sur une péniche à Sausalito, tu es notre invité ». 

Vers 1h du matin, me voici donc à l’arrière d’une grosse voiture américaine en train de franchir le Golden Gate, en direction de Sausalito avec Commander Cody. La suite de cette soirée fût une succession de délires et de pur bonheur. Nous nous sommes retrouvés sur un bateau à l’état douteux, mais qui flottait sans problème, bien que craquelant de partout, à environ 30 personnes en comptant le groupe au grand complet. Les premiers pétards commençaient à s’allumer, il y avait des filles toutes plus belles les unes que les autres. Je commençais à discuter musique avec Billy C et Andy Stein et je pense qu’ils ont été très surpris qu’un petit Français de 20 ans soit aussi à l’aise pour parler musique. A un moment de la soirée, nous avons tous formé un cercle en se tenant par la main et chanté « Will the circle be unbroken », qu’interprétaient les pionniers quand ils traversaient la vallée de la mort lors la conquête de l’ouest.

Vers 6h du matin, épuisé et après avoir longuement salué le Commander et tous les musiciens, je profitais d’une voiture qui remontait sur San Francisco pour regagner mon hôtel, les yeux encore éblouis par ce que ce que je venais de vivre. Il me fallait être en forme car dès le lendemain 11h, je devais être à l’Oakland Coliseum pour le concert du Grateful Dead et des Who. Mais ceci est une autre histoire.

Samedi 9 octobre 1976 :

9h du matin, le téléphone sonne dans la petite chambre d’hôtel que j’occupe à Union Square, c’est le service du réveil. Pendant une dizaine de minutes, je reste cloué sur mon lit pour essayer d’évacuer les vapeurs d’alcool et la fumée des nombreux pétards de la soirée. Ma tête est encore pleine d’images de ces moments uniques. J’ai toujours été fasciné par le summer of love de 1967, tout en étant lucide sur le fait que celui-ci est terminé depuis bien longtemps, mais vivre des moments comme ceux-ci à 20 ans me font prendre conscience de la chance qu’est la mienne. La douche me permet lentement d’éclaircir mes idées et 1h après, me voici à nouveau dans le Bart, direction Oakland stadium ou m’attend une autre expérience : Le Dead et les Who, le tout organisé par le légendaire Bill Graham.

La jeunesse américaine de l’époque est à l’image de la ville de San Francisco extrêmement cool et se laisse aborder très facilement, d’autant plus que, bien que maitrisant à peu près la langue anglaise, ma pointe d’accent Français est plutôt bien perçue. La conversation s’engage donc facilement dans le trajet d’une petite demi-heure me menant à l’Oakland stadium et un fait m’interpelle très vite, la grande majorité du public est venue pour le Dead. Pour mieux comprendre, il convient de replacer l’histoire de ce groupe dans le contexte local et depuis mon petit bout de France, cette perception m’avait échappée. 

Le Grateful Dead et son leader, le guitariste Jerry Garcia sont de véritables icônes de la ville. A la base du summer of love, avec leurs concerts gratuits et en pleine rue, ils ont plus fait pour la renommée de San Francisco, que n’importe qui. Leur ancienne maison du 710 Ashbury Street est devenue un véritable lieu de pèlerinage. Des T shirts et des posters à leur effigie fleurissent aux coins de chaque rue. Les Who, véritables stars mondiales, qui les accompagnent ces 2 jours n’ont, aux yeux de ce public, qu’un simple rôle de faire valoir (vous verrez par la suite la manière dont ils ont réussi à retourner la foule en leur faveur). Mais restons-en pour le moment au Dead et à son public que l’on appellera les Deadheads. Les concerts interminables de parfois 5 heures, voire plus, en totale improvisation sous l’effet du LSD (Jerry Garcia est surnommé Captain trip) ont fascinés toute une génération d’Américains. C’est celle-ci qui a rendez-vous avec eux aujourd’hui. Dans le magasin ou je travaillais à Bordeaux, nous n’avions pas ou peu « accroché » avec cette musique qui n’est pas conçue pour les 30 petites minutes que durent les 2 faces d’un 33 tours et les ventes du groupe étaient plutôt faibles. L’occasion m’était donc donnée de vivre une expérience unique, celle d’assister à un concert d’un groupe légendaire dans sa ville et je dois avouer que cela m’excitait terriblement.

Vers 10h30, le Bart me déposait aux pieds de l’immense et imposant stadium d’Oakland. J’étais loin de m’imaginer à quels points ces 2 jours allaient m’ouvrir de nouveaux horizons musicaux.

Vu de l’extérieur, l’Oakland stadium procure une impression de gigantisme. En France, à cette époque, nous n’avions pas d’équivalent. Notre plus grand stade du moment (le parc des princes avec sa capacité de 50 000 personnes, le stade de France n’était pas encore construit) parait bien petit comparé à cette immense enceinte conçue pour le base ball et le foot US.  Pour ces « days on the green 8 et 9 », le billet à tarif unique de 12 $ vous laissait la possibilité de vous placer selon votre souhait. Je pénétrais donc dans cette enceinte avec l’excitation d’assister à un événement majeur. Les concerts organisés par Bill Graham avaient une telle réputation qui provoquait en moi cette curiosité. A peine assis sur la pelouse, je suis subjugué par l’originalité de la scène. D’un côté, le pont de Londres, de l’autre, le Golden Gate qui se rejoignaient avec de chaque côté de la scène, une cabine téléphonique, une américaine et une anglaise. Le symbole de la réunion des 2 ponts correspond parfaitement à la volonté de l’organisateur de réunir 2 types de musique qui semblent, au départ, relativement éloignées l’un de l’autre.

11h du matin précises, le stade est plein, nous sommes environ 40 000, Bill Graham monte sur scène :

« Ladies and gentlemen, please welcome The Grateful Dead »

Quelle ovation ! Mes yeux se portent tout de suite sur le guitariste, Jerry Garcia. Imaginez, j’avais une des légendes du rock américain à 30 mètres de moi. Un fait m’a immédiatement interpellé, le public connaissait les textes des chansons par cœur. Très vite, autour de moi, les premiers joints s’allument et circulent entre les travées et bien qu’ayant largement abusé la veille au soir de ces substances, je me laisse tenter. Un concert du Dead ne peut s’écouter et s’apprécier qu’en étant « stoned » me dit mon voisin. D’ailleurs, au bout d’une demi-heure, le bassiste du groupe Phil Lesch prend le micro et nous met en garde sur la qualité de lsd qui circule et nous recommande d’éviter d’en prendre. Pour ceux que cela intéresse, tous les concerts du groupe ayant fait l’objet d’un enregistrement, ces 2 jours n’échappent pas à la règle et vous avez la possibilité de vous procurer les CD sur le site du Dead.  Le concert débute donc par un standard du rock US repris, entre autres, par Elvis Presley « Promised land » et là, est-ce l’effet du joint, mais je ne le pense pas, je suis immédiatement séduit par le son de la guitare de Jerry Garcia, à la fois énergique, doux et sensuel, qui donne une atmosphère très particulière à ce rock si connu et je commence à percevoir pourquoi la musique de ce groupe est si liée à cette ville fantastique qu’est San Francisco. Le Dead est fait pour San Francisco et inversement.  Les standards du groupe comme «  Cassidy » et « Sugaree », s’enchainent les uns après les autres et le public devient de plus en plus en transe. La chaleur aidant, il fait plus de 25° en ce début octobre, les spectateurs des premiers rangs deviennent littéralement hystériques et pour un peu, on pourrait s’imaginer être à Woodstock. Plus le concert avance, plus je rentre dans leur musique, au point de me lever et de me mettre à danser, comme ensorcelé par la musique de ce groupe que je connaissais si peu.

Le concert avait déjà débuté depuis plus de 3 heures et je commençais à être tenaillé par la faim, je décide donc de me lever et d’aller savourer mon sandwich depuis le haut des gradins afin d’avoir une vision différente. De là, l’Oakland stadium donne encore plus cette impression de gigantisme et la vue sur la baie est saisissante. Bien que positionné en hauteur à plus de 200 mètres de la scène, le son est fantastique. Je décide donc, de terminer le concert à cet emplacement, plus calme que la fosse et qui m’a permis de récupérer des forces, car l’après-midi était loin d’être terminée.16h, dernière note de musique de Jerry Garcia qui remercie la foule de sa venue. L’ovation est colossale et dure plus de 5 minutes. On se dit que le Who, qui vont leur succéder sont loin d’avoir gagné la partie après un tel show de près de 5 heures.

J’avais vu les Who pour la 1ère fois le 17 février 1974 à Toulouse et j’en gardais un souvenir fantastique. Non seulement, par le fait que c’était mon 2ème véritable grand concert, après celui de Jeff Beck, Tim Bogert et Carmin Appice à Bordeaux, mais aussi et surtout parce que j’avais pris une claque monumentale en cet après-midi toulousaine. Le groupe venait de sortir «  Who’s next » et commençait à présenter sur scène son nouvel opéra rock «  Quadrophenia » qui connut le triomphe dès sa sortie, l’année suivante. C’est donc avec une immense excitation que j’attendais leur prestation après le triomphe du Grateful  Dead, avec aussi une petite part d’anxiété, car la sortie, entre temps, du plus que moyen » Who by numbers » en avait inquiété plus d’un et puis j’avais une immense interrogation sur l’accueil du public, comme évoqué précédemment.   Il fallut une bonne heure pour que les roadies installent le matériel et puis à 17h, le téléphone sonna dans la cabine londonienne installée sur le côté droit de la scène. Bill Graham décrocha et dit « Who is this, « et une voix avec un formidable écho qui résonnait dans tous les hauts parleurs à travers le stade dit : « THE WHO »

Pete Townshend vêtu avec sa combinaison blanche de peintre qu’il portait à Woodstock prit sa guitare et entama les premiers riffs « Can’t explain ». En ce jour d’anniversaire de leur regretté bassiste John Entwhistle, je compris tout de suite que le groupe était venu avec l’intention de renverser la table. Pete sautait de partout avec sa guitare, Roger Daltrey jonglait, comme de coutume, avec son micro, Keith Moon frappait de plus en plus fort avec sa batterie et John Entwhistle était, fidèle à lui-même, impassible avec sa basse, même quand il nous chanta « Boris the spider ». Preuve que le groupe était venu frapper un grand coup, la set list était articulée autour des albums « Tommy, Who’s next » et « Quadrophenia » avec au milieu quelques anciennes chansons comme « the kids are alright » et le divin « Join together ». C’est d’ailleurs ce morceau qui fit prendre une dimension particulière à ce concert et qui fit littéralement lever les 40 000 personnes de leur siège sur lequel, elles n’allaient d’ailleurs plus s’asseoir. Suivirent ensuite, les extraits de Tommy « Pinball Wizard, et le fabuleux « see me, feel me » repris en chœur par toute l’assistance. Le groupe venait, à ce moment-là, de gagner une partie qui était loin d’être acquise 1 heure auparavant.  

Impossible de pas terminer un concert des Who par « won’t get fooled again », c’est encore le cas aujourd’hui et ces 2 concerts de San Francisco n’ont pas échappé à la règle. 

Sur le final, Pete nous gratifia d’un saut d’anthologie avec sa guitare à tel point que l’espace d’un instant, j’ai cru qu’il allait renverser Roger et l’inégalable Keith Moon qui à mes yeux reste le plus grand batteur rock de tous les temps, décida de renverser sa batterie. Etait celle-là qui fut utilisée pour le concert du lendemain, j’en doute, mais je n’aurai jamais la réponse à cette interrogation.

Pour ce concert, j’avais abandonné d’entrée mon confortable siège des gradins que j’occupais à la fin de la prestation du Dead pour revenir au plus près de la scène. Bien m’en a pris, car pour apprécier à sa juste valeur un tel séisme, il vaut mieux être dans les premiers rangs.

19h, la nuit commence à tomber sur la baie. Le coucher de soleil est magnifique, je quitte lentement le stadium d’Oakland, les yeux remplis de souvenirs qui sont encore aujourd’hui gravés dans ma mémoire en me disant : « Demain dimanche, je remets cela, serai-je en état d’apprécier ? » Mes heures de sommeil étaient particulièrement restreintes depuis New Orleans et The Eagles le jeudi, je commençais à m’endormir dans la rame du Bart qui me ramenait sur Union Square.

 Arrivé à mon hôtel, je m’affalais sur le lit et m’endormit sans diner. A votre avis, de quoi ai-je bien pu rêver durant cette longue nuit ?

10 octobre 1976 :

Ce satané service du réveil de l’hôtel fait résonner le téléphone dans ma chambre, comme la veille à 9h du matin.  La fatigue accumulée dans les jours précédents se fait cruellement sentir. Mais revoir, une dernière fois en concert Le Dead et les Who,  dans la douceur d’une journée d’automne californien suffisent sans problème à me tirer du confort d’un lit ou j’étais pourtant si bien. Et puis, demain le retour en France s’annonce avec une escale d’une journée entière à New York city, il s’agit donc de profiter à fond de ces derniers instants.

J’ai toujours été partisan quand un groupe se produit 2 soirs de suite dans un même lieu d’assister aux 2 concerts et cela s’est encore confirmé en cette année 2017, avec les shows d’Eric Clapton au Royal Albert Hall de Londres. L’intérêt, pour le modeste amateur de rock que je suis, est évident puisque cela me permet de vivre le concert différemment, car sachant la majeure partie de ce qui m’attend et dégagé ainsi d’un certain côté émotionnel, mon attention se porte sur des détails que je n’avais pas relevé la veille me permettant ainsi d’apprécier encore plus la qualité du show.

Me voici donc, à nouveau, dans le Bart, direction l’imposant Oakland stadium. Ces 2 jours, ont dû garnir le portefeuille de Bill Graham, qui a toujours su garder les pieds sur terre et qui avait d’ailleurs, une redoutable réputation d’homme d’affaires à l’image aujourd’hui du leader d’Eagles Don Henley. 40 000 personnes remplissent à nouveau le stade en ce dimanche ensoleillé quand Bill Graham nous demande d’accueillir le Grateful Dead, en nous souhaitant de passer un excellent dimanche.

Cette fois ci, je choisis de m’installer pour les 5 heures du concert du Dead dans les confortables sièges des gradins. Si le répertoire interprété par les 2 groupes est sensiblement le même, il est à noter que le Dead a fait preuve d’innovation en changeant l’ordre des morceaux et en en rajoutant quelques perles, comme le délicieux « El Paso », « Sugar Magnolia »et a conclu son concert par « Johnny B Goode » du légendaire Chuck Berry.  Le public, venu comme la veille, essentiellement pour lui, lui en sera très reconnaissant et Les Who, dont le show était identique à celui du samedi, se le virent reprocher ouvertement par une partie de l’assistance et par certains journalistes dans leur compte rendu du lundi. Comme la veille, j’assistais au show des Who sur la pelouse de l’Oakland stadium et en m’infiltrant au milieu des morceaux, me suis retrouvé à 10 mètres de la scène. Je me souviendrai toute ma vie de l’expression de Keith Moon fracassant sa batterie et était loin de me douter qu’il s’agissait de son avant dernier concert aux Etats unis avant sa tragique disparition.

Dans le trajet du retour, dans ce wagon du Bart qui me ramenait sur Union Square, j’étais en train de me demander si un jour dans ma vie, j’aurai l’occasion de vivre un moment comme celui-là. La réponse est venue 39 ans après et c’est Eric Clapton en personne qui me l’a donné avec ses concerts au Royal Albert Hall. Mais ceci est une autre histoire.

                                                                                                   Frédéric.

 

Grateful Dead 2

Dead 3

who dead vs6

who dead vs3

 

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Commentaires
C
La qualité des récits de Frédéric n'est plus à confirmer... Notre ami est décidément un conteur hors pair. J'ai eu autant de plaisir à relire cette chronique que lorsque je l'ai découverte il y a déjà quelque temps.<br /> <br /> Je suis de ton avis Jean-Claude. J'ai en effet parfois le sentiment d'appartenir à une sorte de tribu, c'est indéniable, tout en souhaitant cependant que de nouveaux adeptes se manifestent pour encore plus de partage et qu'ainsi perdure l'œuvre de ces musiciens d'exception qui, un jour lointain, nous ont transmis un frisson d'une insoupçonnable profondeur et qui jamais ne s'oubliera.<br /> <br /> Vive le blues, vive le rock et merci à vous deux !
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J
Après les fantastiques récits de Claude témoin privilégié du British Boom Blues un autre témoignage tout aussi intéressant. Autres lieux, autre époque, on y est, on croit entendre les notes de ces icônes du Rock. <br /> <br /> Je ne sais pas si tous ces musiciens se rendent compte qu'au delà du fait de nous réjouir avec leur musique ils nous incluent, nous réunissent comme dans une tribu, un peuple, pourtant riche de diversité. <br /> <br /> Plus de quarante ans plus tard "le modeste amateur de rock" est devenu "accro" pour mon plus grand plaisir. <br /> <br /> La musique pour ma santé est aussi importante que l'eau et l'oxygène, indispensable. <br /> <br /> Merci Frédéric
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