The Eagles "Anvers 2019": un très beau concert avec des mais...
Qu’il est agréable de partir à l’étranger assister à un concert événement avec ses amis, comme celui du dimanche 26 mai dernier, donné par The Eagles dans la belle ville d’Anvers. Pour un budget à peine supérieur pour un provincial à celui d’un concert Parisien, c’est une occasion unique de découvrir, l’espace d’une journée, un univers nouveau, de savourer un bon restaurant et aussi de tomber sur une véritable caverne d’Ali Baba pour les disques vinyles. A ce propos, si jamais, vous deviez vous arrêter à Anvers, prenez le temps de vous rendre à Chelsea Records, 10 Kloosterstraat, véritable paradis terrestre pour tout amateur de vinyles qui se respecte et dont le choix et la qualité des produits proposés portera surement un grand coup à votre portefeuille (paiement en espèces uniquement).
Mais, j’imagine bien volontiers que votre attente sur cet éditorial ne se porte pas uniquement sur le récit d’un périple touristique, donc rentrons immédiatement dans le vif du sujet et parlons de The Eagles, pour vous dire que si nous avons assisté, certes à un très beau concert, celui-ci, comme déjà évoqué et comme nous pouvions surtout légitimement le craindre, ne figurera pas sur la liste des événements qui vous marque pour la vie et s’il n’a, à aucun moment sombré dans le moyen, les moments d’émotion que nous attendions impatiemment de la part d’un groupe comme The Eagles ne se sont hélas présentés à nos yeux et à nos oreilles qu’à l’occasion de trop rares instants.
Pour être plus clair et plus précis, sans Glenn Frey, il est difficile désormais d’appeler ce groupe The Eagles, car leur spectacle reposait avant tout sur l’amitié et la complicité qui unissaient celui qui nous manque tant aujourd’hui et Don Henley. Les deux artistes se partageaient à merveille l’animation du show, les interludes entre les différents morceaux réussissant ainsi à créer une relation unique avec le public. Avec le poids des années, Don Henley n’est plus en capacité physique de porter à lui seul le concert. Il délègue donc à chacun des musiciens le pouvoir d’amener avec lui une partie de son propre répertoire, ce qui nuit à l’équilibre musical du show. La meilleure preuve en est que les parties qui ont remporté le plus de succès auprès du public du Sportpaleis sont la première très acoustique (avec les standards des premiers albums) et la conclusion du show avec les traditionnels « Hotel California », Rocky mountain Way », « Desperado » (sublime comme toujours) et « Best of my love ». Cependant, il serait fort injuste de ne pas dire que ce concert a aussi amené son lot de satisfactions. A commencer par Deacon Frey, fils de Glenn, qui assura plutôt bien les quatre morceaux dont il était le leader (en particulier, le célèbre « Take it easy ») et qui, a fait preuve d’une étonnante maturité tout au long des deux heures trente du spectacle. Mais, pour beaucoup, la véritable révélation de ces nouveaux Eagles est, sans la moindre discussion possible, Vince Gill, littéralement époustouflant et brillant de la première à la dernière note et dont la manière avec laquelle il s’est approprié les morceaux de Glenn Frey mit tout le monde d’accord, ce qui fit de lui le grand vainqueur à l’applaudimètre de la soirée.
Débuté par une extraordinaire reprise de « Seven bridges road » de Steve Young, la première partie vit défiler toutes les sublimes ballades country que vous connaissez bien et se termina par une immense et émouvante ovation du public lorsque le portait de Glenn Frey apparut sur les magnifiques écrans géants à la suite de « Peaceful easy feeling ». Place fut ensuite laissée aux créations des différents membres du groupe, appréciées ou pas, suivant la sensibilité de chaque spectateur, avant de se conclure par le traditionnel « Hotel California » introduit par des cuivres du plus bel effet.
Alors, bien sûr, le lightshow est magnifique, les harmonies vocales parfaites, « Desperado » est toujours aussi bouleversant, vous arrachant cette traditionnelle petite larme, mais si le spectacle proposé, d’une durée de 2h30 (nous sommes loin d’Eric Clapton), a surement convaincu celles et ceux qui les découvraient pour la première fois, l’aficionado, à l’image de votre serviteur, qui les voyait à nouveau pour, sans doute pour l’ultime fois, est quelque peu resté sur sa réserve, tout en ayant conscience d’assister à un très beau spectacle ne lui faisant pas du tout regretter son investissement dans le voyage, même si constater que The Eagles est presque redevenu un groupe comme un autre provoque en lui un très léger sentiment d’amertume. Mais, nous ne leur en voudrons pas en mémoire de tous les merveilleux souvenirs vécus sur leur musique et les avoir revus pour, ce qui sera certainement leur ultime tournée sur le sol Européen fût un réel plaisir.
Frédéric.
Ps : Ne tardez pas trop à visionner la vidéo jointe avant qu’elle soit surement retirée à la demande du groupe.
The Eagles - Live In Sportpaleis Antwerp 26.05.2019 Full Concert HD