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BALLAD into BLUES, ROCK, JAZZ and COUNTRY
19 février 2020

Eric Clapton and friends "Concert for Ginger": un excellent souvenir !

Sunshine of Your Love, Tribute to Ginger Baker, Eventim Apollo, February 17 2020

C’est peu de dire que ce concert du 17 février 2020, à l’Eventim Apollo de Londres, était particulièrement attendu et ce, d’autant plus que, après être longtemps restée confidentielle, la liste des invités avait été diffusée l’avant-veille avec sa part de certitudes, mais aussi d’interrogations. Comment ceux-ci, malgré leur renommée, allaient ils s’adapter à la musique de Cream et de Blind Faith suggérée par celui qui portait le concert, Eric Clapton ? D’ailleurs en préambule, il convient de remercier et de féliciter chaleureusement ce dernier. A son âge, alors qu’il n’a plus grand-chose à prouver, arriver à proposer une set list intégrale de morceaux non interprétés par lui-même depuis des lustres et organiser tout cela en à peine plus de deux mois représente un sacré défi et sa réussite récompense son investissement sur une belle cause au nom de l’un de ses amis et donc de ce fait mérite tout notre respect. Nous lui avons, pendant des années, réclamé à corp et à cris, une set list différente de ses concerts habituels, Eric Clapton nous l’a offert ce lundi 17 février 2020. Qu’il en soit profondément remercié !

Mais avant de revenir sur ce concert événement, reprenons le fil de cette journée peu ordinaire débutée sous le charme, la douceur et la magie du plus bel endroit au monde pour un amateur de tennis, Wimbledon et son célèbre central. A ce titre, pour tous les amoureux de ce sport, je ne saurai que les inviter à prendre un ticket pour découvrir les installations. Deux heures d’un fantastique voyage, méritant largement le détour. Après un après-midi passé à chiner les dans rues de Portobello Road à chercher quelques vinyles, il était largement temps de gagner l’Eventim Apollo pour l’événement musical dont tout le monde parlait depuis plus de nombreuses semaines.

Vu de l’extérieur, il est difficile d’affirmer que cette salle de 3500 places, vieillissante, soit engageante. Située dans un quartier plutôt austère avec bien peu d’animations, sa situation géographique au bord d’une autoroute, sans pub et autres lieux de convivialité autour, ne fait guère rêver. Cependant, une fois la sécurité passée, le candidat spectateur y trouve relativement facilement sa place. Les nôtres étaient situées tout à fait en haut avec une certaine verticalité, mais permettant néanmoins une excellente visibilité sur une scène assez étroite ou ne figurent pas moins de 4 batteries. L’assistance étant composée en immense majorité d’un public d’un certain âge, nous patientons avec un fond sonore des plus plaisants, comme ce toujours magique « Isn’t it a pity « de George Harrison portant sur tout le public, jusqu’à l’apparition, sous un tonnerre d’applaudissements du portrait de Ginger Baker et l’extinction des lumières à 20 h précises, comme prévue initialement.

Contrairement à nos attentes, ce ne sont pas les musiciens qui entrent en scène, mais un passionnant petit film de quelques minutes sur Ginger Baker, période Cream dans leur tournée de 1967 aux Etats Unis. Les images défilent et nous nous mettons à penser à cette incroyable époque où tous les rêves étaient autorisés. A la fin de celui-ci, Eric Clapton, maître de cérémonie, décontracté mais très classe, dans un beau costume sombre, rentre sur scène et s’adresse à la foule pour évoquer brièvement ce que représentait Ginger Baker pour lui. D’ailleurs et ceci est à noter, il s’exprimera de nombreuses fois au cours de la soirée, au point que, bien que l’ayant vu à de multiples reprises, je n’ai pas de souvenir d’avoir autant entendu sa voix au cours d’une soirée.

Avant d’aller plus loin dans le récit de ce concert, il me semble utile de préciser et de rappeler que si ce genre de formule offre l’avantage pour le public de voir beaucoup de grandes stars réunies autour d’une bonne musique, elle débouche très rarement sur des concerts d’exception pour la raison simple et évidente que, malgré tout leur immense talent individuel, nos chers musiciens n’ont guère le temps de répéter et que forcément le résultat scénique souffre du manque de cohésion du groupe formé pour l’occasion. Le spectacle proposé en ce lundi 17 février n’échappa pas à cette règle, mais fût plaisant et passionnant de bout en bout et, à ce titre, il convient de remercier chaque acteur présent sur scène.

Pour remédier à ce problème, Eric Clapton s’était entouré d’une bonne partie de ses musiciens préférés. Le boulet Doyle Bramhall II étant retenu par ses propres concerts, beaucoup d’espoirs étaient autorisés, surtout que l’immense Steve Gadd était bien présent pour donner le ton et remettre à sa simple place d’accompagnateur Sonny Emory, bon batteur de Jazz/Rock, mais dont le jeu est inadapté à la musique de Cream et de Blind Faith. Steve Gadd, de son côté, illumina la soirée par la finesse et la qualité de son jeu. D’ailleurs la caméra filmant le concert ne s’y est guère trompée en le mettant très régulièrement en valeur pendant les 1h45 que dura le show. Outre ce prestigieux batteur étaient aussi présents les fidèles Paul Carrack, Share White, Katie Kissoon, le revenant Willie Weeks et l’incontournable et toujours génial Chris Stainton.

Mais ce qu’attendait aussi le public, ce sont ces guest stars, dont l’identité était restée si longtemps cachée et sur ce plan- là, il ne fût guère déçu, puisque dès les premières notes de « Sunshine of your love », il put constater que le bassiste s’appelait Roger Waters. Pour être tout à fait lucide et surtout objectif, il faut bien reconnaître que l’ex membre du Pink Floyd semblait plutôt emprunté et mal à l’aise sur des titres hors de son répertoire habituel, mais il convient de saluer son geste d’accompagner Eric Clapton sur les trois premiers morceaux. A propos de ce dernier, beaucoup d’entre nous furent frappés par la dégradation de la qualité de sa voix. A 75 ans, notre guitariste semble connaître le même type de soucis que Roger Daltrey ou bien Paul Carrack durant le concert ou encore Elton John, autres musiciens prestigieux frappés par la volonté de « Dame nature » avec laquelle il est impossible de lutter. En tant que maître de cérémonie, il réduit légèrement ses solos afin de mettre en valeur ses invités, ce que ces derniers firent relativement bien.

 A propos de ceux-ci, essayons d’analyser la prestation de chacun. Dans ce genre de manifestation, la présence de Ronnie Wood est incontournable, non pas pour ses qualités de guitariste, fort limitées, reconnaissons -le, mais pour sa bonne humeur permanente, son sourire et sa côte d’amour avec le public qui font de lui, le musicien avec qui nous adorerions discuter autour d’une bonne bière. Avec Henry Spinetti, nous possédons un remarquable batteur qui fit une prestation particulièrement applaudie et saluée de manière unanime et dont nous aimerions bien volontiers qu’il soit davantage sollicité par Eric Clapton pour ses propres concerts, comme ce fût le cas à une époque guère lointaine, lorsque Steve Gadd est indisponible. Pour continuer sur les batteurs, il convient de s’attarder sur le remarquable passage de Kofi Baker et en particulier sur son solo retentissant, qui a l’espace d’une soirée remis au goût du jour un exercice très prisé dans les seventies, mais guère pratiqué de nos jours. Pendant près de dix minutes, Kofi Baker nous montra qu’il était le digne héritier de son père, malgré des relations pour le moins conflictuelles. Son retentissant solo mit littéralement le feu dans l’assistance et se termina par une standing ovation largement méritée. Difficile d’affirmer que les apparitions de Kenney Jones et Will Johns marquèrent les esprits. Disons que leur présence tient plus de leurs liens avec Eric Clapton que de leurs talents de musiciens.

Steve Winwood fut accueilli triomphalement par le public et avouons -le, ceci était fort mérité. Malgré une voix lui aussi légèrement défaillante, son jeu de guitare et ses parties aux claviers dégagèrent une énergie incroyable qui donna parfaitement le ton à la seconde partie du concert. Gardé volontairement pour la fin de cette petite analyse, le passage de Nils Rodgers constitua la surprise de cette soirée. Lorsque nous avons appris sa présence, nombre d’entre nous (votre serviteur en premier) émirent de nombreuses réserves et critiques. Que venait faire le roi du disco et ses mimiques dans un concert hommage à Ginger Baker et consacré à la musique de Cream et de Blind Faith ? Présent sur 6 des 15 morceaux du set, il resta, pour notre plus grand soulagement, dans une relative sobriété, montrant même des qualités de guitariste surprenantes et prenant quelques solos assez réussis. Son sourire et sa bonne humeur portèrent sur les musiciens. Il tenta même sans succès de faire revenir Eric Clapton sur scène après le rappel.  Pour résumer, compte tenu de nos craintes, son passage ne ternit nullement la réussite de la soirée.

Après les musiciens, il convient maintenant de parler de la musique proposée. Et là, à nouveau, remercions et surtout félicitons Eric Clapton pour la composition de sa set list. Rester sur la musique de Cream et de Blind Faith était une excellente et magnifique idée. Il ne fallait surtout pas s’aventurer sur la musique de Ginger Baker période « Air Force » (d’ailleurs guère intéressante). Dresser une set list avec uniquement les principaux morceaux de ces deux groupes auxquels il avait participé avec ce batteur d’exception était un sacré challenge, très bien relevé. Le seul petit regret concerne l’absence d’un blues comme « Stormy Monday », souvent repris par Cream sur scène. Mais hélas, aujourd’hui, nous savons que le blues ne fait plus guère partie du répertoire de notre guitariste. Il me semble inutile de vous décrire le contenu musical de chaque morceau, vu que depuis 48 heures de nombreuses reviews l’ont fait parfaitement. A ce titre, si vous souhaite visionner de belles photos du concert, je vous invite à vous rendre sur le forum du site allemand www.clapton.de ou de passionnantes analyses et images vous attendent.

Ce concert, à défaut d’être inoubliable, restera dans les mémoires de tous les spectateurs présents, comme un fort agréable moment ne faisant nullement regretter son lourd investissement et la fatigue d’un voyage rendu longtemps incertain par la tempête Dennis.

                                                                                                                              Frédéric.

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Commentaires
C
merci frederic , <br /> <br /> la première réflexion que je mes suis faite en apprenant la mort de ginger baker et bien c'est qu'il doit y avoir un putain de bœuf avec le moonie et john bonham dans le grand local de répé !!
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C
“La dégradation de la qualité de la voix” de Clapton ne me surprend guère à son âge. N'ayant jamais été un chanteur d'envergure (lui-même l'a signalé à plusieurs reprises), sauf peut-être lors de sa période “Blues only” de 90, ce n'est pas sur ce registre que ses fans l'attendent au tournant. Ce sont ses solos parfois prodigieux qui font déplacer la foule. Et là, malgré son souhait de réduire la voilure pour mettre en valeur ses invités, je les ai trouvés, sur la plupart des morceaux, bien faiblards.<br /> <br /> C'est harmonieux certes mais ça manque vraiment de pêche.<br /> <br /> Quand à Kofi Baker c'est sympa qu'il ait réussi sa prestation car avec son père il en a pris plein la tronche depuis son plus jeune âge. Et c'est même étonnant qu'il ait accepté l'invitation du sieur Clapton.<br /> <br /> En tout cas, bravo à toi Frédéric pour ce commentaire passionnant et merci à Dennis de t'avoir foutu la paix...
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