Walter Trout: un bluesman à la croisée des chemins !

Que se passe t’-il avec Walter Trout ? La question mérite d’être posée après l’écoute de « Heartland », troisième extrait officiel de son album « Ordinary Madness » dont la sortie est programmée pour ce vendredi 28 août. Car après la surprise, c’est la déception, qui s’est installée en moi et aussi je pense auprès de beaucoup d’aficionados du blues. Ce sentiment s’est renforcé ces derniers jours au point d’arriver à remettre en cause ma venue au concert du 29 janvier prochain dans l’hypothèse où il se tiendrait (ce qui est loin d’être acquis) et ce, même si cette infâme muselière, que de dangereux illuminés souhaitent fixer sur nos visages pour le restant de nos jours, serait retournée dans les cartons d’où elle n’aurait jamais dû sortir. C’est dire à quel point la retenue est de mise. 

Il faut bien reconnaitre que les trois extraits de « Ordinary Madness » publiés jusqu’à présent n’ont pas de quoi soulever l’enthousiasme. « Wanna dance » est un rock très quelconque et sans intérêt, « All out of tears » est un blues plutôt correctement ficelé, mais bien moins enlevé que les torrides figurant sur ces deux derniers albums, quant à « Heartland », triste guimauve des plus banales, le silence constitue le meilleur des commentaires possibles.

Alors que s’est-il passé pour que notre guitariste de blues prenne ce virage à 180° ? En préambule et pour être tout à fait objectif, il faudra écouter dans son entier « Ordinary Madness » pour être en mesure de pouvoir émettre un jugement complet. Néanmoins ces trois extraits posent question et interrogent sur la stratégie marketing de Walter Trout. A-t-il tout simplement été mal conseillé ou bien le succès a-t-il tourné la tête à quelqu’un dont la carrière solo avait été jusque- là plutôt confidentielle avant de connaître, en l’espace de trois années, un succès foudroyant ? Toutes les hypothèses sont possibles.

 Avec ses deux précédentes réalisations, Walter Trout s’était posé et était reconnu comme un des derniers représentants du blues authentique tel que nous l’apprécions ici. Il s’était constitué un public de fidèles auprès duquel il possédait une sacrée côte, car aujourd’hui, il faut bien l’avouer, les guitaristes en mesure de représenter dignement le blues ne sont guère nombreux. Les critiques musicaux du monde entier et le public ne s’y étaient d’ailleurs pas trompés en saluant de manière unanime « We’ re all in this together » et « Survivor blues ». Il est loin d’être certain qu’ils en fassent de même avec « Ordinary Madness »

 En optant, pour une pop commerciale et facile, Walter Trout va peut- être trouver facilement le chemin du succès, mais il n’est pas certain qu’à moyen et court terme cette stratégie soit la bonne et que l’artiste y soit gagnant. Dans ce créneau musical, la concurrence est très forte et reconnaissons- le, les musiciens installés depuis longtemps dans celui-ci ne lui laisseront guère d’espace et son éventuel succès a donc toutes les chances d’être éphémère et de ce fait, de le laisser dans une impasse musicale dont il aura peut- être du mal à se relever.

Si l’écoute complète de « Ordinary Madness » confirme cette impression, il sera intéressant d’étudier la réaction du public blues qu’il avait si bien conquis. Celui-ci lui pardonnera t’-il cette erreur et reviendra t’il immédiatement vers lui ? Pas certain si, entre temps, d’autres musiciens comme, par exemple, Christone Kingfish Ingram ont repris son créneau et puis Walter Trout devra aussi compter sur un autre critère non négligeable à savoir la versatilité du public qui a tendance à bruler facilement ce qu’il a adoré.

 « Ordinary Madness » marquera-t-il un tournant dans la carrière de notre guitariste ? Réponse vendredi 28 août.

                                                                                                                              Frédéric.