Keith Jarrett: la triste nouvelle de 2020 !

Aurons-nous le bonheur de le revoir un jour sur une scène car, en solo ou bien en quartet, un concert de Keith Jarrett appartient aux événements vous marquant pour la vie ? C’est ainsi que le show en solitaire en 2016, à l’auditorium de Bordeaux, appartient, avec le concert de Jean Luc Ponty en février dernier, aux moments dont nous continuerons à évoquer les souvenirs pendant de très longues années.

Mais si pour Jean Luc Ponty, la possibilité de le recroiser sur une scène est réelle, il n’en est hélas pas de même pour Keith Jarrett, dont les nouvelles concernant sa santé sont, exprimons- le en toute franchise, mauvaises et particulièrement inquiétantes. Dans une interview donnée le 21 octobre, notre pianiste est revenue pour la toute première fois sur la raison de l’annulation du concert qu’il devait donner au Carnegie Hall en octobre 2018. Après que ECM records ait essayé de masquer les vraies raisons de ce report surprise, il était enfin temps de communiquer la vérité au grand public.

Keith Jarrett avait fait un AVC quelques jours avant le show avec pour terrible conséquence, une paralysie du côté gauche. Mais le pire était à venir avec un second accident identique 3 mois après le premier. Depuis le génial musicien, inoubliable accompagnateur de Miles Davis et auteur de la série « Standards » est dans l’impossibilité totale de se rassoir auprès de son instrument préféré.

Compte tenu de son âge, si la guérison intervient, ce que tous les amateurs de jazz souhaitent profondément, il va nous falloir nous faire à l’idée que la rééducation sera particulièrement longue et difficile et surtout que nous aurons beaucoup de difficultés à retrouver le pianiste nous ayant fait rêver, car au cours de la même interview, il a avoué au journaliste ses absences sur la manière de jouer certains styles musicaux.

Avec Ron Carter, Chick Corea et Sonny Rollins, Keith Jarrett est un des derniers géants du Jazz encore en activité. Son immense talent et l’émotion dégagée par sa manière de jouer du piano lui avaient valu une juste consécration planétaire en 1975, à l’occasion de la sortie de l’inoubliable « The Köln Concert », mais au-delà de ce génial album, c’est un musicien d’époque que nous sommes peut- être en train de perdre. Souhaitons- lui le meilleur rétablissement possible. Son piano est éternel.

                                                                                                               Frédéric.