Tangerine Dream "Live at Reims Cathedral 1974": quel document !

La première journée du traditionnel record store day s’est donc déroulée samedi dernier. Force est de reconnaître qu’elle fût bien plus calme qu’à l’accoutumée, mais ceci n’est guère une surprise compte tenu du contexte sanitaire imposé. Habituellement chargée en animations musicales intérieures et extérieures ainsi qu’en événements festifs, cette journée de samedi n’a attiré qu’une affluence très modeste dans les magasins participant à l’opération (tout au moins pour ceux de Bordeaux). Il faut bien reconnaître qu’acheter de la musique avec l’infâme et inutile muselière sur le visage est tout sauf réjouissant et ne donne guère envie de s’attarder dans les rayons du magasin. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter que pour sa deuxième journée en juillet, la vie normale, à laquelle nous aspirons tous, aura enfin repris son cours.

Avec des prix de vente oscillant entre 20 et 30€, cette édition 2021 marque un retour à une certaine normalité. Même un coffret, tel que celui du Grateful Dead regroupant l’intégralité du concert à l’Olympia en 1972 est commercialisé au tarif de 120€, ce qui pour un ensemble de 6 vinyles n’est pas scandaleux. Mais la vraie trouvaille de cette journée reste le concert donné par Tangerine Dream à la cathédrale de Reims en décembre 1974. Ce show, avec Nico en première partie, avait littéralement fait scandale dans la France de Giscard. Souvenez- vous : des restes de joints avaient été trouvé dans les allées de la cathédrale et les bénitiers, la presse avait même évoqué des ébats sexuels dans les confessionnaux.  L’affaire était remontée jusqu’au Vatican qui avait, dans les jours suivants, interdit toute manifestation de ce type dans ses églises et surtout ordonné une cérémonie de purification de la cathédrale de Reims afin de, je cite, « chasser le démon ».

Mais sur un plan purement musical, ce concert, retransmis à l’époque en direct sur France Inter, reste un monument du genre. C’est un voyage littéralement ensorcelant auquel vous invite Edgar Froese et sa bande. Venant juste de signer chez Virgin Records quelques semaines auparavant, ces musiciens exceptionnels évoluant en totale liberté et improvisation livrèrent ce soir là un monument de musique planante accentué par un cadre magique. Les deux galettes proposées au prix de35/40€ sont bien sûr à la hauteur de l’événement dans leur design. Bien que peu amateur de ces LP colorés, je ne puis qu’être admiratif devant cette reproduction sublime de vitraux. Seul un pressage de qualité quelconque obligeant à passer le vinyle à la machine à laver avant l’écoute vient quelque peu ternir le tableau jusque- là idyllique.

Mais l’essentiel est ailleurs. « Live at Reims Cathedral » est un document d’un incroyable richesse tant musicale que visuelle sur une époque nous ayant apporté un bonheur rarement égalé. Ne tardez pas trop à l’acquérir avant qu’il ne devienne un véritable collector d’une valeur inestimable.

                                                                                                                    Frédéric.

Ps : A titre exceptionnel et dans le but d’éviter toute polémique sur les termes du récit du concert de Tangerine Dream à Reims, les commentaires sont fermés pour cette rubrique.