Souvenirs de Toulouse ! 2) PINK FLOYD 18 JUIN 1974 !
Toulouse mardi 18 juin 1974
Quelques mois s’étaient à peine écoulés depuis ce mémorable concert des Who dans la ville rose et ma passion pour le rock occupait de plus en plus mon temps au point d’influencer en négatif mes résultats scolaires au désespoir de ma famille. Entre temps, le roi de l’accordéon Giscard d’Estaing avait été élu à la présidence de la république et avait eu la bonne idée (ce fut la seule avec l’IVG en 7 ans de mandat) de proposer la majorité à 18 ans. Me voici donc, en ce beau mois de juin 1974, devenu majeur, libre de mes mouvements sans avoir à rendre compte à qui que ce soit, quand la grande nouvelle intervint. Après The Who au mois de février, c’est au tour des Pink Floyd, dans lecadre de la tournée Gini (oui, la fameuse boisson, ce qui avait fait beaucoup jaser), de se présenter dans la ville rose pour la somme de 25 F la place. Le fait d’être majeur me facilitait considérablement la tache et le voyage. En effet, il n’était plus nécessaire de demander la moindre autorisation parentale et de justifier une rentrée tardive par le train de nuit puisque le concert avait lieu un mardi soir.
Me voici donc de retour, quelques mois après, devant la triste entrée du parc des expositions qui accueillait ce concert. Comme pour The Who, je garde en mémoire une attente interminable devant des grilles closes et une bousculade immense pour rentrer. Pink Floyd s’appréciant différemment de nos rockers, il ne me paraissait pas indispensable d’être assis au premier rang, je laissais donc la foule passait pour me positionner en milieu de salle. Le public était différent de celui du mois de février, car très baba cool, peace and love et d’ailleurs très vite une forte odeur de substance interdite envahit très rapidement la salle. Quand les lumières s’éteignirent, c’est une atmosphère littéralement envoutante qui pénétra en moi. J’adorai l’ensemble des productions du Floyd, avait fait de l’expression corporelle sur « Meddle », avait plané sur « Dark side of the moon » et connaissait bien leurs œuvres, y compris celles réalisées avec le regretté Syd Barett. Les morceaux d’ouverture servaient de répétition de leur album qui allait sortir une année plus tard. C’est ainsi que nous eûmes droit aux deux parties de « Shine on you crazy diamond » qui reçurent un accueil triomphal laissant augurer une grande carrière à l’album. S’en suivit un de mes morceaux préférés du groupe « Echoes » extrait de l’album Meddle qui provoqua en moi un immense moment d’émotion car j’ai toujours adoré la manière dont était construit ce morceau avec le jeu si particulier de guitare de David Gilmour et le travail fabuleux de Richard Wright aux claviers. Très impressionnant était aussi le batteur Nick Mason avec sa double batterie et ses cymbales. Vint enfin, ce que nous étions tous venus un peu chercher, à savoir l’interprétation intégrale de « The Dark side of the moon », album que tout amateur du groupe possédait dans sa collection. Roger Waters et sa basse brillent de mille feux et la voix de David Gilmour est littéralement aussi planante que sur les albums. Le final avec « Brain Damage » et » Eclipse » est étourdissant avec, en particulier, deux imposantes maquettes d’avion qui partent chacune d’un coin de la salle, se croisent au milieu de la foule avant d’exploser en arrivant sur la scène. Le spectacle venait d’atteindre son paroxysme et bien que commençant à posséder une jolie collection de concerts vus au cours de ces dernières années, je venais d’assister à quelque chose d’incroyable qui me laissa littéralement sans voix.
Le concert se termina dans l’hystérie la plus totale, pour ne pas dire autre chose. Mes vêtements étaient littéralement imprégnés de l’odeur des joints qui circulaient de partout. Les 15 000 personnes présentes planaient littéralement quand le groupe conclut le concert avec « Careful with that axe, Eugene » rendant cette soirée inoubliable.
Il me faudra attendre 20 ans pour recroiser le chemin des Pink Floyd. Ce sera à Bordeaux sur la place des Quinconces pendant l’été 1994. Mais ceci est une autre histoire. Nous en reparlerons demain.
Frédéric.