SANTANA IV: Un retour contrasté !

Le voici donc enfin dans les bacs, ce fameux disque de Carlos Santana annoncé à grand renfort de publicité et qui a pulvérisé le record de préventes aux States. Cet album présenté comme la suite, 40 années après sa parution, de l’extraordinaire Santana 3, nous permet de retrouver notre guitariste avec la meilleure formation qui ne l’ait jamais accompagné à savoir le guitariste Neal Schon, Greg Rollie aux claviers, une des révélations de Woodstock Michael Schrieve à la batterie et Michael Carabello aux congas et aux percussions et pour les renforcer, le remarquable Ronald Isley des Isley brothers est venu leur prêter sa magnifique voix ainsi que Benny Rietveld à la basse et Karl Perazzo aux percussions.

Il y a plusieurs manières d’aborder cet album. Commençons par le positif. C’est d’abord un immense plaisir de retrouver Carlos Santana avec ces musiciens d’exception. C’est en tout cas, ce qu’il a réalisé de mieux depuis 35 ans. Lui qui s’était perdu, toutes ces dernières décennies, dans une musique qui flirtait avec une sinistre daube commerciale teintée de salsa retrouve subitement une grande partie de son talent avec des artistes avec qui, visiblement, il prend énormément de plaisir à évoluer. Cet enthousiaste est extrêmement communicatif dès les premières notes et réussit immédiatement à vous faire accrocher  avec l’album. L’ensemble est très enlevé, plutôt bien ficelé et s’écoute avec beaucoup de plaisir pendant ses 76 minutes. Certains morceaux sont terriblement dansants et feront surement le bonheur de nombreuses discothèques. Ils sont construits dans le pur style Santana de la grande époque, avec toujours le traditionnel solo tant attendu, même si le son de la guitare est beaucoup moins aérien qu’avant. Voici pour la manière positive d’écouter l’album.

Par contre, si vous vous attendez à la suite de Santana 3, n’achetez pas ou n’écoutez pas cet album sous peine d’immense déception, car et nous abordons là un autre aspect, ce disque manque singulièrement de ligne directrice et donne l’impression que le groupe a souhaité faire plaisir à tous ses fans des premières années en leur proposant des morceaux qui auraient pu figurer sur Santana 1, Abraxas,  Santana 3, Caravanserai, Borboletta, Amigos etc.. Ce qui faisait le principal intérêt de cette période était l’évolution que nous pouvions constater entre chaque album. Au lieu de cela, Carlos Santana nous propose de naviguer à travers toute cette époque sans fil conducteur et réussit à désorienter l’auditeur.  Cet album, présenté comme la suite logique de Santana 3, n’est qu’un patchwork d’une production, certes brillante, mais qui pour être compréhensible nécessite une certaine structure qui est absente tout au long du disque et que l’auditeur attentif de Carlos Santana cherche désespérément  sans jamais la trouver réellement.

Il serait cependant injuste de ne pas mettre en évidence certains morceaux essentiellement instrumentaux comme « Fillmore east » et « Forgiveness » qui conclue l’album et qui nous permettent de retrouver l’espace d’un instant le Carlos Santana que nous aimons tant et qui nous a fait  rêver et bien sur pour les nostalgiques de « Samba Pati » et d’ »Europa », le slow qui tue, le magnifique « Caminando », qui va rappeler bien des souvenirs de jeunesse à bon nombre d’entre vous.

A trop vouloir contenter et faire plaisir à tout le monde, Carlos Santana  ne réussit qu’à moitié son pari au travers cet album qui, s’il s’écoute avec beaucoup de plaisir, ne peut en aucun cas s’inscrire au milieu des pépites proposées par cet artiste génial dans les années 70. Libre à chacun d’adhérer ou pas à un album qui s’il fallait attribuer une note mériterait selon moi 12,5/20.

                                                                                                                                      Frédéric.

Comments

[Thierry]

Merci de m'avoir fait économiser 25 €. Je vais remettre sur ma platine Abraxas, Santana 3, Caravanserai,.... et les dépenser pour acheter le dernier Clapton