ERIC CLAPTON "Live in San Diego" ! Nous attendions mieux !

C’est peu de dire qu’il était attendu, surtout après l’annonce de ses trois shows au Royal Albert Hall de Londres les 22, 24 et 25 mai prochains. Les extraits vidéo, savamment diffusés par la maison d’édition laissaient entrevoir selon sa propre sensibilité plutôt de bonnes choses. C’est effectivement un très large catalogue de son répertoire que nous livre Eric Clapton avec son album « Live in San Diego » et c’est justement cette largesse qui crée cette impression de mitigée ou de « on attendait plus et mieux » si vous préférez. Car si cet opus est bien sur très agréable à l’écoute, il n’en demeure pas moins que son achat est dispensable et qu’il ne peut en aucun cas se comparer aux perles « Just one night » ou « EC was here » qui vous explosaient en plein visage dès les premières notes et même à l’excellent « Live at the Royal Albert Hall » de 2015 enregistré pour son soixante dixième anniversaire. L’impression est que cet album a été publié pour faire oublier le relatif échec de « I still do » et surtout  pour faire patienter les fans et pour alimenter l’actualité de notre guitariste préféré en attendant l’événement que constitueront les trois concerts du printemps prochain à Londres.

Le plateau proposé est pourtant alléchant. Songez un peu, Eric entouré pour une partie du show de JJ Cale et avec un final en compagnie de Robert Cray. Et si finalement, en y réfléchissant bien et quitte à  en surprendre, voire en choquer certains, le problème était cette association qui n’est pas naturelle. Et pourtant, il est difficile de trouver un aficionado plus fanatique du talent individuel de ces deux artistes que l’auteur de ces lignes, mais l’intérêt de mettre leur art en commun ne m’a jamais réellement convaincu, témoin l’album »Escondido » agréable certes, mais loin d’être renversant. De plus, pour être tout à fait complet, sur ce nouvel disque Eric est accompagné de Derek Trucks à la slide et de Doyle Bramhall II et ma préférence va de loin sur les opus ou il nous montre son génie en solo.

La première partie de l’album est consacrée au répertoire classique d’EC avec des standards comme « Key to the highway » et « Tell the truth » avec une voix et un jeu de guitare plus que limite (pour ne pas dire plus) de Doyle Bramhall II qui nous démontre encore une fois l’insignifiance de son apport à la musique d’Eric Clapton. Derek trucks assurant pour sa part plutôt bien la partie slide. Après une version plus qu’honorable de Little Wing, nous voici emmenés pour toute la deuxième partie du premier disque dans l’univers de JJ Cale et ce brusque contraste nuit considérablement au fil conducteur de l’album. Comme exprimé plus haut, si bien sur l’écoute est plaisante, elle va laisser le puriste, inconditionnel de la musique blues que nous apprécions tant chez EC sur sa faim.  Le deuxième disque revient vers ces racines et surtout sur un répertoire plus classique et plus conforme à nos attentes sans toutefois atteindre les sommets avec une version de 17 minutes de « Little queen of spades » ou chacun y va de son solo, certains étant loin d’être indispensables (Doyle Bramhal II et Derek Trucks. Notons cependant, une interprétation très réussie de « Further on up the road » avec un remarquable travail des deux choristes Michelle John et Sharon White et deux belles versions de « Wonderful tonight » et de « Layla » en électrique avec comme d’habitude un formidable Chris Stainton et aussi un très bon Steve Jordan à la batterie qui amène par son drumming un original côté funky loin d’être déplaisant.

Cet album aura certainement plus d’intérêt pour les spectateurs présents ce soir là que pour l’inconditionnel d’Eric Clapton. Il n’en demeure pas moins qu’il reste très plaisant à écouter et qu’il constitue un très bon compagnon pour un long trajet en voiture, mais qu’il ne figurera jamais en première place de la vitrine de votre discothèque. Un dernier mot sur la déception de la médiocrité du packaging proposé. Nous aurions aimé autre chose qu’un minable petit feuillet sans aucun intérêt et quelques maigrelettes petites photos qui n’apportent strictement rien. Certes le prix proposé est extrêmement compétitif, mais le fan a quand même droit à une autre considération.

                                                                                                                                            Frédéric.

Note de l’album : 12/20