Lucinda Williams: une initiative surprenante et déconcertante !

C’est un genre totalement inédit à ma connaissance que va inaugurer Lucinda Williams le 29 septembre prochain. Pour tout vous dire, j’ai relu deux fois l’article du magazine Rolling Stones et celui paru sur son site internet pour être certain d’avoir correctement compris tant j’ai failli glisser de mon fauteuil et connaître ainsi les douceurs de mon parquet. Mais trêve de plaisanterie, car si l’on savait les artistes capables de bien des choses, ce qui nous est proposé est tout simplement renversant. Auparavant, les maisons de disques n’hésitaient pas à proposer une deuxième vie à un album de prestige en le ressortant sous forme d’éditions dites de luxe en y rajoutant quelques inédits ou tout simplement seulement remasterisé.

Lucinda Williams a, de son côté, choisit de carrément réenregistrer, avec ses musiciens actuels, la totalité de son prestigieux album « Sweet old lord » datant de 1992 qui lui a grand ouvert les portes du succès international qui est le sien aujourd’hui. Bien sûr, tout cela nous est vendu avec 4 titres bonus, histoire de mieux nous appâter avec ce qui est quand même du pur recyclage bien que son site internet mentionne que tout ceci a été suggéré et décidé après mûres réflexions par son manager et mari Tom Overby et par Lucinda Williams elle-même.

Sans nul doute « Sweet old lord » est une véritable pépite, mais quel est l’intérêt de réenregistrer l’intégralité un album à la sonorité parfaite ? N’aurait- il pas été préférable d’en présenter, par exemple,  une version live qui aurait eu le mérite de proposer une alternative différente et d’autant plus passionnante qu’un show de Lucinda Williams est le plus souvent une grande réussite ? Surtout que la version de « Six blocks away » qui nous est proposée en première écoute n’est guère différente de l’original (comme vous pourrez en juger par vous-même) et présente un intérêt très restreint pour ne pas dire plus. Nous verrons dans les prochains mois et années si cette première n’aura été qu’une simple tentative et un coup d’épée dans l’eau, car dans le cas contraire, ne doutons pas un seul instant que ce sera la porte ouverte à tous les abus et que nombreux sont les groupes en fin de carrière qui utiliserons cette ficelle pour bénéficier de bonnes rentrées d’argent sans avoir à s’investir dans la conception de nouveaux morceaux.

Mais peut être voyez- vous tout ceci de manière différente ? Dans tous les cas votre opinion est la bienvenue. Avec cette tentative, notre musique se trouve à un tournant particulièrement important. Cela tombe bien, ce blog a été créé pour en débattre.

                                                                                                                                           Frédéric.

Lucinda Williams - Six Blocks Away

Comments

[Vincentblues]

Eternel problème de ce qu’est une œuvre d’un créateur qu’il soit artiste musical, littéraire ou pictural !



Quand une chanson, un livre ou un tableau est terminé ?

Est-ce le dernier accord, le point final ou la signature du tableau qui indique que c’est fini ? A partir de quel moment, l’artiste considère qu’il ne peut aller plus loin, comme un mathématicien qui aurait résolu son équation ?

Y-aurait-il quelque chose à ajouter à ″Sergent’s Pepper″ ? Au ″Procès″ de Kafka ? A ″Guernica″ ?



Le temps doit y être pour une bonne part ; l’artiste doit, je pense, vouloir avancer continuellement vers d’autres horizons. Si ce n’était pas le cas, on pourrait sans cesse améliorer une œuvre.



L’œuvre est créée à un instant T dans certaines conditions ; mais cela ne m’étonne nullement, comme vient de la faire Lucinda Williams (je ne connais son album ″Sweet Old World″), qu’elle veuille l’enregistrer à nouveau dans de nouvelles conditions (musiciens, technique, mais aussi l’envie et l’âge de l’artiste), hormis pour de bonnes raisons commerciales.



Un bon exemple, quoique lointain, est celui de Rembrandt qui sur une période de 40 ans a fait des autoportraits (environ 80) au dessin, gravure ou peinture. Bonne façon de contempler l’évolution du personnage, de sa façon de peindre à travers le temps !



A+

Vincent