"Maybe the guitar is over": Et si Eric Clapton avait raison ?
L’excellente site Américain www.bestclassicbands.com reproduisait tout récemment à sa une des propos tenus par Eric Clapton au festival international de Toronto lors de la présentation du film qui lui est consacré et qui retrace les grandes étapes de sa vie. Notre guitariste préféré affirmait avec une solide argumentation « Maybe the guitar is over ». Pris hors de son contexte, cette phrase a de quoi surprendre et déconcerter et peiner tous les amateurs de musique que nous sommes et pourtant en tenant une réflexion approfondie sur le sujet, cette phrase est peut -être très révélatrice de la réalité.
La question avait déjà été soulevée en début d’année par le très sérieux Washington Post. Celui-ci s’appuyait sur la chute vertigineuse enregistrée depuis le début des années 2000 des ventes de guitares électriques. Le marché s’est en effet effondré de plus de 30% et a conduit les fabricants leaders comme Gibson et Fender à réduire considérablement la voilure pour essayer de sortir de la zone rouge dans laquelle ils se trouvent. C’est ainsi qu’en France de nombreux points de vente ont fermé comme par exemple à Bordeaux ou l’extraordinaire magasin du quai des marques a disparu au profit d’un commerce de vente de hamburgers.
Mais essayons un instant de comprendre et d’analyser les raisons qui ont conduit à ce phénomène. Bien évidemment, nous pouvons évoquer la crise économique de 2008 qui nous a amené à réduire notre train de vie et à supprimer de celui-ci une part de nos loisirs dont en particulier le lourd investissement que constitue l’achat d’une guitare électrique, mais cet argument, bien que réel, semble plutôt léger par rapport à ceux qui suivent. Le problème se situe ailleurs et se concentre essentiellement selon moi sur deux axes.
Le premier est l’évolution technologique. Nos adolescents des années 2000 sont nés avec les smartphones et les applications. Hors il est aisé, pour celui qui souhaite s’y pencher de près, de trouver celle qui le conduira à produire de la musique ( ?) sans passer des journées entières à apprendre le solfège.
Le deuxième axe est à mes yeux le plus préoccupant. Souvenons-nous quand nous avions 15 ou 20 ans à quel point nous aimions-nous identifier à nos idoles qu’étaient Jimi Hendrix, Eric Clapton, Jimmy Page, Pete Townshend etc… et comme nous rêvions de pouvoir un jour jouer comme eux. La jeune génération représentée entre autres par des Derek Trucks, Jo Bonamassa, Warren Haynes, Kenny Wayne Shepherd est certes brillante mais fait elle rêver ? Est qu’un gamin de 20 ans d’aujourd’hui s’identifie à eux comme nous le faisions devant un Alvin Lee ou un Johnny Winter et a envie de casser sa tirelire pour acquérir son instrument et essayer de lui ressembler ? La réponse est hélas négative. Bien sûr ces guitaristes sont tous sur un plan technique extrêmement brillants, mais leur show n’offre hélas guère plus qu’une démonstration technique réservée aux initiés et leur personnalité ne dégage aucun charisme.
La musique survivra toujours, mais il est à souhaiter que les toutes prochaines années nous réservent l’apparition de quelques guitars heroes, sinon, notre passion deviendra au quotidien comme la vidéo jointe. Et ce moment- là, souhaitons ne jamais le connaître.
Frédéric.
Marco Parisi plays Jimi Hendrix's "Little Wing" on the Seaboard RISE at Musikmesse 2016