Lucinda Williams "Sweet old lord 2017": oui, mais...

C’est un pari extrêmement risqué et relativement inédit que vient de réaliser Lucinda Williams en ce mois d’octobre. Songez un peu : réenregistrer « Sweet old lord » un album considéré par ses inconditionnels comme son meilleur avec celui qui l’a révélé au grand public « Car wheels on a grave road ». Appartenant à la catégorie citée au- dessus, j’avais déjà exprimé ici même certaines réserves sur le procédé, mais aussi ne demandais qu’à me laisser convaincre tant le talent de Lucinda Williams est à même de relever ce genre de défis. C’est donc avec un mélange de curiosité, de scepticisme mais aussi d’espoir que cette nouvelle version se posa sur ma platine en ce début du mois d’octobre.

Le premier changement se situe bien sûr au niveau de la qualité sonore. Il faut bien avouer qu’en vingt-cinq années, la technologie a considérablement évolué, ce qui permet à Lucinda Williams de nous proposer un album qui sonne vraiment différemment de sa version d’origine avec en particulier la mise en avant de son fidèle et excellent guitariste Stuart Mathis que le public Français avait pu découvrir lors du sensationnel concert donné à l’Alhambra de Paris en juillet 2016. Incontestablement sa guitare amène une autre dimension et surtout une profondeur supplémentaire aux chansons de l’album. Reste l’essentiel : la voix de Lucinda. Bien évidemment comme pour nous tous, celle-ci a également considérablement évolué avec le temps. Plus grave, plus réfléchie, elle a laissé en route cette innocence qui caractérisait « Sweet old lord version 1992 » et qui nous donnait ce frisson lorsque résonnait les premières notes de « Something about what happens when we talk » ainsi que « Sweet old lord » qui donne son titre à l’album. Le fan du tout début de sa carrière risque donc d’être un peu désorienté à la première écoute de versions différentes de morceaux dont il connait par cœur les moindres consonnances. De plus, il convient de souligner que si les quatre titres livrés en bonus sont superbes, ils ne sont guère en adéquation avec le climat de l’album d’origine.

Cependant, ne boudons pas notre plaisir. La qualité de cette version 2017 justifie totalement l’investissement placé en lui et l’appréciation que chacun portera dessus ainsi que la préférence sur les deux versions reste donc un choix strictement personnel basé sur sa propre sensibilité. Cependant, le mien reste sur la magie et le choc que m’avait causé la version originale de 1992.

                                                                                                                                     Frédéric.

Sidewalks Of The City - Lucinda Williams