Eric Clapton 2018: Osons le dire !
En début de semaine, l’excellent site www.ericclaptonandfriends.com nous annonçait que Eric Clapton se trouvait actuellement en session d’enregistrements à Los Angeles pour finaliser son nouvel album studio. Si, bien évidemment, au premier abord, cette nouvelle a tout pour ravir ses fans les plus récents, n’ayant pas connus sa période dorée des sixties et seventies et venus à sa musique avec, entre autres, JJ Cale, la composition du groupe qui l’accompagne a « refroidit » immédiatement l’enthousiasme des puristes et des connaisseurs. Jugez un peu, si, nous exceptons le formidable batteur Jim Keltner, la présence de Doyle Bramhall II, de Walt Ritchmond, de Tim Carmon et de Nathan East ne laisse aucun doute sur ce qui nous sera proposé à savoir une suite de l’hommage à JJ Cale, ce qui éteint totalement nos espoirs de le voir retourner, ne serait- ce qu’une ultime fois, à la seule musique qui est faîte pour lui : le blues.
Car osons, dire les choses franchement et sans langue de bois. S’il est tout à fait compréhensible et légitime, vu les liens unissant JJ Cale et Eric Clapton, que ce dernier rende hommage à son ami, comme il l’a fait avec l’album « The breeze », orienter toute sa fin de carrière studio sur un style, sans aucun rapport avec l’origine du sien, relève tout simplement d’un profond contre sens musical, totalement incompréhensible pour l’amateur éclairé de musique. A ce sujet, il serait bon que les personnes vénérant, par exemple, le fort moyen, car véritable catalogue La Redoute, « live in San Diego », sortent de leur univers restreint et prennent le temps d’écouter, avec un minimum d’attention, la version étendue de la pépite qu’est « EC was here » proposée sur le coffret « Give me strength ». Elles pourraient ainsi découvrir le véritable Eric Clapton, le seul, le vrai, celui qui est considéré comme le deuxième guitariste de tous les temps par le magazine « Rolling Stone ». Car comment, quand on possède un minimum d’oreille musicale, ne pas tomber sous le charme de ce que Slowhand nous propose, sur ce cultissime disque et ne pas s’apercevoir que le blues et sa guitare sont liés pour la vie, comme en témoigne, par exemple, la version diabolique de « Have you ever loved a woman ». Si après avoir écouté cela, certains préfèrent encore la période JJ Cale, ce n’est à n’y rien comprendre.
Il en est de même pour le contenu musical de son spectacle. Là encore, compte tenu de son âge et de ses problèmes physiques, on peut admettre une certaine tendance à aller vers la facilité, mais de là à proposer, de manière systématique, depuis près de quatre années la même set list, sans la moindre modification, comme il le fait, peut- être assimilé à un certain manque de respect pour le spectateur. Qu’au moins, une ultime fois, nous ayons le bonheur d’écouter « Layla » dans sa seule version qui compte, celle jouée en électrique ou bien encore des morceaux « Voodoo Chile » comme lors de ce fabuleux concert de Bercy en 2010 avec Steve Winwood.
Souhaitons qu’à Londres en juillet prochain, la présence de Carlos Santana et de Steve Winwood saura « booster » une ultime fois Slowhand pour qu’il nous offre un de ses sommets musicaux dont il est reste l’unique dépositaire.
Frédéric.
Ps : Petite précision utile : J’apprécie beaucoup la musique de JJ Cale dont je possède l’intégralité de la discographie et lorsque l’envie me prend d’écouter sa musique, l’écoute de ses propres albums suffit largement à mon bonheur.
Eric Clapton - Have You Ever Loved A Woman.wmv