Stephen Stills et Manassas: quelle réussite !

Stephen Stills est sans contexte l’un des plus grands guitaristes de toute l’histoire du rock, capable de s’adapter avec une facilité déconcertante et un talent inouï à tous les styles de musique. Il nous l’a encore prouvé lors de son dernier passage à L’Olympia en septembre 2015 avec ses complices David Crosby et Graham Nash ou il régala l’assistance avec des solos bluesy.

Quand en 1972, il nous offrit le premier album de son nouveau groupe Manassas, après une période, où le succès de Buffalo Springfield et de Crosby Stills Nash and Young aurait pu lui procurer une période de congés sabbatique bien méritée, il préféra tout de suite se consacrer à soigner sa réputation en s’associant avec des musiciens au vécu incroyable puisque venant de groupes comme The Byrds et les Flying Burritos Brothers et en les laissant exprimer en toute indépendance leur immense potentiel. C’est donc ainsi qu’au milieu de l’année 1971, notre guitariste fut rejoint par Chris Hillman, Dallas Taylor, Paul Harris, Fuzzy Samuels, Al Perkins et Joe Lala pour former, pour notre plus grand bonheur, le groupe Manassas.

Souvent un tel assemblage de talents produit un résultat décevant, car la personnalité de chaque musicien est tellement forte que l’ensemble manque cruellement de cohésion (par exemple Souther Hillman, Furay Band), disons-le tout de suite, ce n’est pas du tout le cas de Manassas. Car, non seulement la complicité et le plaisir de tous ces prestigieux musiciens d’évoluer ensemble se ressentent tout au long de l’écoute, mais aussi et surtout, ils réussissent l’exploit de nous livrer un album partagé en quatre parties distinctes avec autant de bonheur. C’est ainsi que nous passons du blues au rock avec des intermèdes consacrés à la country et au folk.

Ce partage pourra peut-être vous surprendre et vous déconcerter à la première écoute, mais si vous vous savez passez outre et laissez l’album s’installer tranquillement en vous, vous allez pénétrer dans l’univers d’un des derniers géants de l’histoire du rock. Curieusement, ce disque ne fut pas récompensé au moment de sa sortie comme il le méritait. Est-ce dû à la qualité de la production de l’époque ou au concept du disque ? Sans doute, y a-t-il un peu des deux dans les explications qui peuvent être données et c’est curieusement lors de sa réédition en CD qu’il connut un nouveau démarrage.

Le deuxième album du groupe, sorti un an plus tard, bien qu’excellent, souffre un peu de la comparaison avec le premier. Et bien sûr, comme il était prévisible, le groupe se sépara, chacun décidant de poursuivre sa carrière de son côté avec différents bonheurs. Si vous ne le possédez pas encore, courrez sans hésiter pour acquérir cette perle des années 70 et surtout faîtes en profiter votre entourage. Un trésor aussi inestimable que celui-ci, doit à tout prix être connu du plus grand monde.

                                                                                               Frédéric.

Stephen Stills (Manassas) - Blues Man