Stevie Wonder: Ou est passé le génial compositeur des seventies ?

Il y a des virages pris par certains artistes qui me déconcerteront toujours. Certes, Stevie Wonder chante toujours aussi bien depuis tant d’années, mais comment un tel génie a-t-il pu perdre en une décennie tout son pouvoir de création au point d’en devenir un interprète, non pas de variétés comme catalogué par certains (il ne faut tout de même pas exagérer), mais tout au moins comme quelqu’un composant de la musique commerciale pour bande FM sans grande intérêt.

Découvert par Ronnie White, membre du groupe de Smokey Robinson « The Miracles », il signe son premier LP en 1962 avec le prestigieux label soul « Tamla Motown » sous le nom de Little Stevie Wonder avant de nous livrer dans la décennie seventies quatre albums qui figurent sans contestation possible au panthéon de la soul avec des textes d’une puissance incroyable et des compositions tellement riches et variées qu’elles connurent un succès planétaire. « Talking Book », « Innervisions », Fulfillingness’ first final » et le divin » Songs in the Key of life » avec tous les tubes y figurant sont devenus incontournables pour toute personne s’intéressant à la soul music.

Comment donc, un tel compositeur de génie a-t-il pu laisser son talent créatif s’évaporer ainsi ? Cela commença dès le début des années 80 avec le « Happy Birthday » (celui que l’on joue dans tous les anniversaires) qui, bien que composé en l’honneur de Martin Luther King, n’enflammera que les discothèques et puis le certes sympathique, mais guère convaincant musicalement parlant « I just want to say i love you », écrit pour le film » La fille en rouge ».

Depuis c’est pratiquement le néant. Stevie Wonder, toujours entouré par de brillants musiciens, se produit de temps en temps sur scène, mais consacre sa vie à de brefs passages dans des émissions de télé US sans grand intérêt. Soyons cependant compréhensifs et aussi respectueux, cela doit être terriblement difficile de vivre avec cette cécité qui a brisé sa vie si tôt.

Il nous reste donc quatre merveilleux albums pour savourer cette voix unique et enchanteresse dont nous ne nous lasserons jamais et apprécier ainsi un des plus brillants compositeurs de toute l’histoire de la soul.

                                                                                                                                Frédéric.